Nouveaux arrivés

C'est resté vide longtemps. Je n'ai jamais su ce qu'il y avait derrière les rideaux métalliques, toujours baissés. Peut-être était-ce occupé autrefois mais je ne m'en souviens pas. C'est une des premières choses que je vois en ouvrant un de mes volets le matin.  Mais qui voudrait de ce local en bordure d'une rue passante ? 

Un matin, rideaux relevés et de la lumière à l'intérieur ! Plus tard dans la matinée, une des fenêtres était ouverte : du bazar à l'intérieur ! On commençait des travaux. Sans doute encore un restaurant. Ils fleurissent en ce moment dans le quartier : coréen, des Carpates, italiens ou pseudo-bouchons lyonnais. 

Un puis deux ouvriers y œuvraient, même en fin de semaine. On démolit des cloisons, on installa un escalier en colimaçon, on lissa bien les murs. Le boulot avançait vite et l'intérieur devenait de plus en plus clair. Cela dura deux ou trois mois et puis les rideaux métalliques se refermèrent. 

Quelques jours après le nouvel an, une camionnette s'arrêta, on en sortit des meubles, petit à petit. Pas d'étage à grimper : le déménagement se fit vite. Aujourd'hui, ils sont là, mes nouveaux voisins, à inventer leur nouveau nid, au milieu des cartons.