dimanche 22 juin 2008

Le Goût sucré des pommes sauvages.

Un peu déçu par le recueil de nouvelles de Wallace Stegner que je viens de terminer.

Regroupant cinq écrits de 1948 à 1959 sous le titre de l'un d'entre eux, c'est un peu trop hétéroclite à mon goût. J'ai déjà parlé de Jeune Fille en sa tour. Le Goût sucré des pommes sauvages est comme son titre, frais et plein de nostalgie. J'avoue ne pas très bien me souvenir de ce dont traite Fausses perles pêchées dans la fosse de Mindanao.

Quant aux deux plus longues, elles sont assez indigestes. Guide pratique des oiseaux de l'Ouest rappelle au début La Vie obstinée, mais j'ai vite déchanté: cette présentation des gentlemen farmers californiens et de leurs épouses en extase devant un soi-disant génie du piano est parfois cynique et méchante, donc drôle, mais souvent ennuyeuse, en tout cas trop longue. Plus longue encore la dernière, Genèse, retraçant les premiers pas d'un "bleu" dans son métier de cow-boy alors que le groupe est pris dans une terrible tempête de neige. Quelques passages d'une grande beauté, mais beaucoup d'ennui aussi, malgré une écriture irréprochable.

Je pense que la faute de ce raté revient sans doute à l'éditeur qui n'aurait pas dû procéder à un tel regroupement dont le seul fil conducteur est la jeunesse de l'écrivain.

Le tableau de Ross était terminé et, quand il s'en écarta, Margaret vit qu'il avait placé la maison en contrebas du verger afin d'obtenir un contraste plus saisissant, afin de réunir dans la même composition la clocher affaissé, la fenêtre cassée, le sinistre délabrement de l'entrée et, en ligne de fuite parfaite jusqu'au pied des plissements de collines, ce verger chargé de fruits. La fille s'approcha pour y jeter un oeil.(...)
Ross, qui essuyait son pinceau, tourna vers elle son sourire chaleureux et tranquille.
- Comment est-ce au printemps? Est-ce que c'est joli?
Etonnant de constater comme ce petit faciès grimaçant pouvait être réceptif.
- Oh, pour ça, ce n'est qu'une fleur! Les pommes ne sont plus bien belles à présent. N'empêche, au printemps, c'est quelque chose!
Elle se tenait bras croisés, comme sa mère, tout à l'heure, auprès de la voiture. Margaret avait beau la regarder, elle ne percevait chez cette fille aucune trace d'amertume, de frustration ou de colère. Tout famélique qu'il était, son visage de gnome respirait la sérénité.
- Au printemps, du temps que je fréquentais, on montait ici pour ainsi dire tous les soirs.

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