Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
Jean de La Fontaine
5 commentaires:
En voilà une apprise à l'école ou au collège !
Je me souvenais du texte mais plus de son existence.
Cornus : Moi aussi , à l'école. Quant à ton deuxième commentaire, j'ai du mal à comprendre ce que tu veux dire.
Calyste> Je ne me souvenais plus de l'existence de cette fable mais dès le premier vers lu, je me suis rappelé de l'histoire.
Cornus : compris.
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