mercredi 1 février 2023

L'histoire du Musée Saint-Pierre de Lyon

Sous la Révolution, l'abbaye doit à sa proximité avec l'Hôtel de Ville de ne pas être vendue ou détruite. En 1792, le Conseil municipal désigne l'édifice comme lieu de conservation des tableaux, médailles, bronzes et autres monuments des arts.
Le 14 Fructidor an IX (1801), le décret Chaptal instituant des collections de Peintures dans quinze villes de France est l'acte fondateur du musée de Lyon. L'institution répond aussi à des aspirations locales, comme rappeler le prestigieux passé romain de la ville et proposer des modèles à la Fabrique de la soie alors en crise.
A partir de 1803, le Muséum du Louvre envoie 110 tableaux (P.P. Rubens, Le Guerchin, Ph. de Champaigne,).
Pendant tout le XIXe siècle, le bâtiment abrite différentes institutions. Les musées de peinture, d'épigraphie, d'archéologie et d'histoire naturelle cohabitent avec la Bourse, la Chambre de commerce, l’École des Beaux-Arts, la bibliothèque de la Ville (section Arts et Sciences) et des sociétés savantes.

Dès 1803, le public peut découvrir, le mercredi de 10h à 13h, les premiers tableaux envoyés par l’État. De nouveaux dépôts (G. Reni, Véronèse) et des achats (F. Zurbaran, A. Berjon, ) constituent un véritable musée de peintures qu'inaugure le comte d'Artois, le 20 septembre 1814. Le Cabinet d'antiques réunit d'anciennes collections et des acquisitions (Koré grecque). Sous les galeries du cloître, les inscriptions et fragments sculptés romains forment le musée lapidaire.

À partir de 1834, l'architecte R. Dardel (1796-1871) donne une nouvelle dimension au musée. Dans des espaces restructurés, il réalise un somptueux décor − uniquement conservé aujourd'hui dans le Médaillier (ancienne salle des marbres modernes).
Au milieu du siècle, l'éclosion de l'École lyonnaise de peinture et de nouveaux dépôts de l'État (E. Delacroix, J. Pradier, H. Flandrin...) enrichissent notablement les collections. 

L'architecte A. Hirsch (1828-1913) engage de grands travaux dans le bâtiment, le jardin et le cloître. Le plus spectaculaire est la restructuration de l'aile sud afin de présenter les grands dessins préparatoires au décor du Panthéon à Paris de P. Chenavard. Le décor de l'escalier monumental est confié en 1881 au Lyonnais P. Puvis de Chavannes . Dans l'aile est, le musée J. Bernard présente, de 1876 à 1891, les quelque 300 tableaux que cet ancien maire de la Guillotière a offerts à la Ville.
Une ambitieuse politique d'acquisitions marque la période. Les conservateurs achètent lors de grandes ventes et auprès d'antiquaires à Paris, Rome, Florence, principalement des antiquités, des œuvres du Moyen-Age et de la Renaissance (groupe sculpté de L'Annonciation), de l'art islamique et des peintures du XIXe siècle.

Pendant l'entre-deux-guerres, les collections s'ouvrent à l'art extrême-oriental et aux arts décoratifs modernes. Pendant cette période, plusieurs institutions et collections quittent le Palais Saint-Pierre : le muséum d'Histoire naturelle en 1914 et l’École des Beaux-Arts en 1935 ; en 1921, les œuvres liées à l'histoire de Lyon sont transférées vers le nouveau musée de Gadagne. L'église désaffectée est dévolue aux sculptures des XIXe et XXe siècles.

Après-guerre, des rétrospectives consacrées à des artistes modernes, tels P. Picasso ou H. Matisse, permettent des acquisitions majeures (M. Larionov). Le fonds s'enrichit aussi de dons.
A la fin des années 1960, le départ des antiquités nationales vers le nouveau musée de la Civilisation gallo-romaine et le transfert de la galerie égyptienne du musée Guimet de Lyon bouleversent les collections. Plus récemment, le musée d'art contemporain quitte le Nouveau Saint-Pierre (aile construite vers 1860 par l'architecte T. Desjardins).

 En 1989, une réflexion sur l'état et les missions du musée aboutit à un vaste projet de rénovation (ville de Lyon - État dans le cadre de la Mission des Grands Travaux). Le conservateur Ph. Durey et les architectes Ph.-Ch. Dubois et J-M. Wilmotte entreprennent une restructuration complète du bâtiment. Les travaux sont réalisés en cinq tranches, de 1990 à 1998, afin de ne jamais fermer au public. La surface couvre 14 500 m2 et les collections occupent 70 salles. Le musée des Beaux-Arts regroupe le Palais Saint-Pierre, l'église et le Nouveau Saint-Pierre.

5 commentaires:

cão a dit…

de la grande histoire ...

Cornus a dit…

Tu as bien synthétisé la chose ; les musées anciens ont une sacrée histoire, pas comme d'autres qui viennent à peine de fêter leur première décennie (Louvre-Lens). Là aussi, des choses à venir...

Calyste a dit…

Câo : pour un grand musée. Je crois qu'en quantité d’œuvres, il vient tout de suite après le Louvre.

Cornus : j'ai pompé ce texte ailleurs et l'ai raccourci.

Cornus a dit…

Calyste> En nombre d’œuvres exposées, il semblerait que le Musée des beaux-arts de Lille fait presque jeu égal, mais est en revanche plus grand (d'après Wiki).

Calyste a dit…

Cornus : c'est vrai qu'il est immense, et magnifique. j'en garde un excellent souvenir.