samedi 1 février 2020

L'étrange Histoire de Peter Schlemihl

Il y a des livres transition, ceux qu'on lit après un qui nous a pris et avant un autre que l'on sait excellent. C'est le cas de ce tout petit roman de Adalbert von Chamisso : un homme vend son ombre au diable qui lui propose ensuite de la lui rendre contre son âme. Il refusera et se consacrera, solitaire, à l'étude de la terre.

Rien de bien original depuis Faust, mais ça se lit sans déplaisir. Ce qui est plus original, c'est qu'il s'agit d'un certain point de vue d'un autobiographie ! Von Chamisso est né en 1781 dans le château familial de Boncourt, en Champagne. En 1792, son père rejoint l'armée des émigrés aux Pays-Bas, au Luxembourg puis à Trèves. L'adolescent subit donc le sort de nombreux exilés : déraciné, dépossédé de ses biens, ballotté entre plusieurs pays. Il est bien vite miné par sa condition d'exilé et de franco-allemand. "Je suis français en Allemagne et allemand en France, catholique chez les protestants, protestant chez les catholiques, philosophe chez les gens religieux et cagot chez les gens sans préjugés".

Il revient en France en 1810 et fréquente les salons de Mme de Staël et Heinrich Heine. ll suivra Germaine de Staël en Suisse et décide d'étudier la botanique dans la toute jeune université de Berlin. En 1813, il se retire à la campagne pour écrire ce roman, un des plus beaux du romantisme allemand, où l'homme qui a perdu son ombre, c'est lui, l'homme sans patrie. Il sera aussi connu pour être l'auteur d'un recueil de poèmes, L'Amour et la vie d'une femme (Frauenliebe und Leben) mis en musique par Robert Schumann sous la forme de huit leder. Von Chamisso est mort à Berlin en 1838.
(L'étrange Histoire de Peter Schlemihl, Aldebert von Chamisso. Ed. Gallimard. Trad. de Albert et Bernard Lortholary.)


2 commentaires:

Cornus a dit…

Une sacrée histoire en effet qui montre une fois encore la nécessité de la concorde entre les peuples.

Calyste a dit…

Cornus : on n'en prend guère le chemin, j'en ai peur.