samedi 16 décembre 2023

La suite des pépins

(Un des rares poèmes que j'ai appris pour le plaisir.)

Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,

Echevelé, livide au milieu des tempêtes,

Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,

Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva

Au bas d’une montagne en une grande plaine ;

Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine

Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »

Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.

Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,

Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,

Et qui le regardait dans l’ombre fixement.

« Je suis trop près », dit-il avec un tremblement.

Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,

Et se remit à fuir sinistre dans l’espace.

(...)

La conscience, Victor Hugo, La Légende des siècles

3 commentaires:

Cornus a dit…

Je ne connais que la fin : "L’œil était dans la tombe et regardait Caïn".

plume a dit…

Moi pareil que Cornus, = les 3 1ers vers que mon père adorait répéter à tout bout de champ.

Calyste a dit…

Cornus : c'est effectivement ce qu'on en retient en général.

Plume : plus de 50 ans après, je suis capable de les réciter aussi !