Voisinage

Vous ai-je déjà parlé de mes voisins du dessus ? Quand nous avons acheté, Pierre et moi, leur appartement actuel, équivalent en superficie au nôtre, c'est-à-dire double, était vide et en vente. J'avais un peu peur que ne débarque une famille avec deux ou trois charmants bambins qui passent leur vie à courir dans tous les sens. Et voilà que nous arrive ce couple sans enfants (et madame n'est plus en âge d'en avoir !). Ouf, me dis-je in petto et même de vive voix. 

Mais savez-vous que les vieux (bien dix ans d'écart avec moi), ça fait du bruit ? D'abord, ceux-là se lèvent tôt, très tôt même pour moi. Vers cinq heures et demi/six heures, ça commence à trotter (heureusement, suite à une de mes interventions, ils ont changé de "savates", les précédentes s'assimilant facilement, au bruit, à des sabots). Ça parle très fort (ils sont un peu sourds). Et même, souvent, ça s'engueule ! Un jour, elle l'a carrément enfermé sur le balcon avant de partir faire des courses !

Lui, c'est un ancien huissier de justice, gracieux comme un huissier de justice. Elle, c'est une presque naine, bavarde comme une pie, et qui, si vous ne déviez pas, vous raconte tous ses démêlés conjugaux. Je les évite donc autant que je peux. Depuis trente ans, nous ne sommes jamais devenus proches, ni même familiers (contrairement d'avec ma vieille voisine du dessous, qui est un amour de femme). Je suis entré quelquefois chez eux, mais dans le hall seulement. Mais dernièrement, j'ai eu droit à la visite de leur appartement (après trente ans, nos relations progressent !). Un fouillis inimaginable, avec, en surnombre, les peluches de madame. 

Et tout à l'heure, dans le hall de l'immeuble, j'ai eu droit à une petite conversation avec lui. Ça m'amuse toujours beaucoup car je décrypte : comment va-t-il s'y prendre, cette fois-ci, pour me parler de ses problèmes de santé (le genou, le genou, vous dis-je). Mais jamais, au grand jamais, il ne vous demande de vos nouvelles. 

Pourtant, j'espère bien qu'ils vont tenir encore quelques années, d'autant qu'ils s'absentent souvent pour aller s'installer en Ardèche, dans leur maison de campagne. On sait ce qu'on perd, on ne sait pas ce qu'on aura !!!