Prenez un toit de vieilles tuiles
Un peu avant midi.
Placez à côté
Un tilleul déjà grand
Remué par le vent.
Mettez au-dessus d’eux
Un ciel de bleu, lavé
Par des nuages blancs.
Laissez-les faire,
Regardez-les.
Eugène GUILLEVIC, Avec.
LA FUMÉE
La petite maison sous les arbres, au bord du lac.
Du toit monte la fumée.
Manquerait-elle,
Comme alors seraient désolés
Maison, arbres et lac.
LES FENÊTRES (extrait)
Celui qui regarde du dehors à travers la fenêtre ouverte ne voit jamais
autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas
d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux,
plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut
voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe
derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la
vie, souffre la vie.
Par-delà des vagues de toits, j’aperçois une
femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et
qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste,
avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa
légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.
Charles BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose
3 commentaires:
Bien bien... Le premier me rappelle quelque chose...
Cornus : moi, c'est celui de Baudelaire qu'il me semble connaître.
Calyste> C'est vrai, je ne l'ai pas précisé : ce n'est pas le poème que je connais mais ce dont il parle.
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