lundi 7 juillet 2008

Exercice de (non) style.

Tout à l'heure, à la gare de la Part-Dieu.

Je faisais la queue pour acheter un billet. Eh oui, je vais prendre quelques jours de vacances dans la Creuse, chez une ancienne collègue devenue amie, dans un village d'environ vingt habitants, sans certitude d'avoir accès à Internet. Je crois franchement que, si je ne peux pas écrire aussi longtemps, je vais être sérieusement frustré. Départ jeudi en début d'après-midi, retour jeudi suivant.

Je faisais donc la queue à la gare. Un monde fou, mais nous avancions assez vite. Pas assez cependant pour ne pas remarquer une grosse dame derrière moi (ou plutôt encore après, derrière un jeune homme tout petit et tout fluet, qui n'avait rien à voir avec elle, mais que j'imaginais formant avec la mégère un couple à la Dubout).
Une dame dont on entendait d'abord la voix, et rien de tendre ni de doux dans celle-ci. Et si j'avais voulu me laisser charmer par sa musique, la force avec laquelle elle jetait ses mots à la face de son mari, encore derrière, et du monde entier par la même occasion m'en aurait bien empêché.

Au bout d'un moment, alors qu'elle ne cessait de vociférer, j'ai fini par me retourner pour voir à quoi ressemblait ce spécimen de Walkyrie. Pas très grande, presque aussi large que haute, le ventre grassement proéminent, la poitrine lourde posée dessus, façon montres molles de Dali, un haut décolleté bleu Sainte Vierge sur un bas d'un vert qui n'a sans doute pas de nom. Cheveux grisonnants, lunette de soleil sur le premier cran de la coiffure, et bien sûr les inévitables tongs mettant gracieusement en valeur les petites saucisses qui lui tiennent lieu de pieds et dont, pour être sure qu'on n'oublie pas d'y jeter un oeil, elle avait peint les ongles en rouge vif. Un style certain, je ne sais pas lequel, mais un style.

Tout ceci n'est rien. Dans le brassage des voyageurs, dans les allées et venues des uns et des autres, elle aurait très bien pu passer inaperçue. Après tout, le manque de goût, ça court pas mal les rues, en ce moment. Mais c'est ce qu'elle disait qui attirait l'attention. Pas une parole positive, la critique constante. Tout y est passé, durant la demi-heure de queue: la température (ILS auraient pu mettre un peu de clim!), l'affluence (T'as vu tout ce monde. Franchement, qu'est-ce qu'ILS ont tous à voyager?), les pronostics (Dans 3/4 d'heure, JE te le dis, on ne sera pas encore passé!), la SNCF (Bien sûr, le jour où JE viens, il y a la moitié des guichets fermés!), les goûts de son mari(Tais-toi, tu ME fais honte. On n'est plus dans les années 50, on est en 2008!), encore des pronostics (Ca y est, on avance, lentement mais sûrement, enfin j'espère.), les collègues (JE ne peux pas compter sur elles.), les enseignants (forcément!) (Tu parles qu'ILS travaillent encore dans le primaire. Aujourd'hui, ILS sont tous en pique-nique!), et tutti quanti à l'avenant.

J'ai à un moment regardé le mari qui parlait parfois mais dont la voix était immédiatement submergée par celle de sa femme. Il lui souriait tendrement. Il y a des jours où je me dis que l'on a ce qu'on mérite!

Au guichet où je finis par arriver, l'employé sans doute le plus précieux de tout le quart sud-est de la France, voire davantage. Le contraste a failli m'achever! Vivent les départs en vacances!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah non !
Plus de billet quotidien ?
Pendant une semaine ?
Vous n'y pensez pas !
Et nous, qu'allons-nous devenir ?

Anonyme a dit…

Tout à fait ! Et nous ? Déjà que Fabrice n'écrit plus grand chose...
Enfin, tu pourras toujours rédiger un carnet de voyage en prévision de ton retour !

Anonyme a dit…

une sacrée expérience de patience et aussi d'expérience humaine