dimanche 25 octobre 2020

Les Greniers de Sienne

Autrefois, un polar était pour moi une respiration entre deux ouvrages plus "sérieux" (vieille classification dont mon esprit à coup sûr un peu trop classique , formation oblige, n'est jamais parvenu à se défaire totalement. Aujourd'hui, c'est presque l'inverse : je deviens de plus en plus fainéant face aux obligations de trop réfléchir. 

Pourtant, je l'ai fait avec ce roman de Maurice Rheims, écrivain, commissaire priseur et académicien français mort en 2003. Bien sûr, Sienne, un nom qui m'attire autant que le sucre les abeilles. Ville que j'aime, et ses alentours, de loin favorite face à l'opulente et lourde Florence qui me valut une angine, une blennorragie et un repas indigne de l'Italie à un prix indécent. Ville où les œuvres exposées à la Pinacothèque m'ont toujours fait regretter de n'être pas né à l'époque des Primitifs ou de la Renaissance. Ville à quelques cinquante kilomètres de Volterra, ma bien-aimée perchée au bord de ses falaises, à une petite quarantaine de San Galgano où le vol des hirondelles est si doux lorsque tombe le soir et que le site, esseulé, ne se livre que pour vous.

Mais il faut que je revienne sur terre : apparemment le prochain voyage en Italie n'est pas pour les prochains jours ... Les Greniers de Sienne est un roman au style surprenant, classique certes mais ne s'embarrassant pas de transitions inutiles, de passages obligés d'un lieu, d'une situation, d'un personnage à un autre. On est surpris puis séduit, comme devant sa première fiasque de Chianti. Cela donne au roman une rare légèreté. Histoire de spécialistes de la peinture italienne, de leur passions, de leurs arnaques aussi, en particulier Catherine, une française, et Marano, un vieux romain que j'aurais aimé rencontré dans la vraie vie. Histoire de tableaux perdus, oubliés puis retrouvés là où on ne les attendait guère. Et puis, tous ces noms de peintres italiens, certains connus de moi, d'autres que je découvrais pour la première fois mais que Maurice Rheims, lui, semble avoir côtoyés de tout temps. Un régal ! 

(Maurice Rheims, Les Greniers de Sienne. Ed. Gallimard.)

2 commentaires:

Cornus a dit…

Sympathique évocation en marge de ce compte rendu de lecture. Personnellement, je ne sais pas si j'aurais aimé vivre à l'époque des Primitifs, pour d'autres raisons, matérielles et du confort que nous connaissons...

Calyste a dit…

Cornus : et encore j'ai restreint le nombre de souvenirs que cela m'évoquait, car je crois les avoir déjà racontés.