mercredi 12 mars 2008

Rendez-vous à la gare.

Le rendez-vous était fixé devant l'entrée de la gare de la Part-Dieu, côté centre commercial.

Ayant pris quelques photos en cours de route, je suis arrivé avec trois minutes de retard. Je l'ai cherché parmi la foule assez dense, plus très sûr de le reconnaître, et puis je l'ai repéré, le même et différent. Je ne l'avais pas vu depuis plus de dix ans.


Il a maintenant 27 ans et travaille dans l'informatique. Pas très grand, ayant perdu l'aspect "bouboule" de sa pré adolescence, le visage fin, les yeux pétillants, habillé sobrement mais avec élégance. Lui aussi m'a reconnu immédiatement. "Quelques cheveux blancs supplémentaires." m'a-t-il dit, mais la même ligne svelte (je lui ai tout de même parlé de la période intermédiaire, avec quinze kilos de plus!).

Nous nous sommes installés dans un café et y sommes restés plus de deux heures. Évocation de ses anciens camarades: il n'a gardé des contacts qu'avec un seul, devenu frère des écoles chrétiennes. Évocation des professeurs: nous partageons les mêmes amitiés et les mêmes inimitiés. Et puis la conversation devient plus intime, porte davantage sur la vie privée.

Je comprends qu'il se pose actuellement des questions sur l'avenir: il sent que, peu à peu, son travail d'une part et la vie d'une famille qu'il va probablement fonder bientôt d'autre part, vont l'absorber totalement, lui prendre tout son temps, lui manger la majeure partie de son énergie. Il voit qu'il s'apprête à entrer dans un tunnel dont il ne voit pas le bout. Nous sommes, là dessus, à l'exact opposé l'un de l'autre.

Puis il se hasarde à me poser directement des questions sur moi, et me confie qu'à deux ou trois, ils avaient, à l'époque où ils étaient élèves au collège, mené une enquête sur ma vie privée, subodorant, sans aucune raison objective, précise-t-il, que j'étais homosexuel. Ayant fini par connaître mon numéro de téléphone, ils avaient appelé et étaient tombés sur Pierre, ce qui les avait conforté dans leur idée première.

A question si bien tournée, je n'ai pu que répondre sincèrement. D'ailleurs cela n'a pas grande importance: j'avais en face de moi un adulte équilibré, sans fausse pudeur, ne se faisant pas des montagnes d'un rien, et, ce qui rendait l'atmosphère encore plus saine, vivant avec une jeune femme depuis cinq ans.
Je suis heureux de pouvoir, aujourd'hui, réagir avec autant de simplicité et d'honnêteté. Il m'a raccompagné jusqu'à mon quartier, et nous nous sommes quittés devant la station de métro, en espérant bien continuer cette conversation un peu plus tard, attablés à un bon repas par exemple.

Je suis particulièrement heureux d'avoir laissé à certains de mes anciens élèves (plusieurs m'ont déjà contacté sur le site où je me suis inscrit) de bons souvenirs, de cours, de voyages (il a gardé tous les dossiers que je leur avais demandé de constituer en Alsace, en Italie ou en Grèce), de bonne humeur. Dit comme ça, cela peut paraître niais mais je préfère ma satifaction un peu simplette à l'ironie cinglante ou au mépris hautain dont font parfois preuve certains membres du corps enseignant.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'avais raison pour Teilhard de Chardin et la Chine, la Croisière Jaune (1931) et dans une moindre mesure, l'Afrique (du Sud)!

Le "Christ Cosmique"

Calyste a dit…

Je sors de la conférence. Pas de billet ce soir. Je vais essayer de me coucher plus tôt. Besoin de repos (ai somnolé pendant une partie de l'exposé). Je te parlerai de cette soirée.
PS: "comique" ne prend pas de S au milieu.
Que penses-tu de : "J'avais raisin pour Teilhard de Chardon", après une journée dyslexie?
Bon, j'ai dit que j'allais me coucher. Pas le moment de faire des commentaires plus longs que les billets. Je t'embrasse.