jeudi 27 mars 2008

De face et de profil.


Très violent mal de dos oblige, j'ai changé mon ordinateur et mon clavier de place et les ai installés sur mon bureau "principal".

Ainsi, je peux passer les jambes sous la table et adopter une position beaucoup plus ergonomique. L'autre dessous de bureau est occupé par mon imprimante dinosaurienne par la taille et je devais donc taper mes textes de profil. D'où la colère de certaines vertèbres qui n'ont eu aucun mal à convaincre muscles et tendons à les suivre dans leur mouvement de protestation.

Voilà, c'est effectivement plus pratique, vu le temps que je passe assis à cette place, mais le mal est fait, et kiné ou anti-inflammatoires n'ont pas l'air très efficaces pour l'instant.

Mais là n'était pas mon propos. Je voulais parler de l'Aurige de Delphes. Quel rapport? Simplement qu'une reproduction de ce que je considère comme une des plus belles statues de l'Antiquité se trouve sur mon bureau depuis de nombreuses années déjà.

Avec l'agencement précédent, je le voyais de profil, un profil magnifié par l'ourlet sensuel du menton et les grands cils recourbés que l'on imagine sombres.Les boucles sur les tempes sont encore de l'enfance depuis peu en allée. Le bandeau dans les cheveux accentue cet effet de jeunesse. Viril, il l'est, mais comme un adolescent qui voudrait grandir plus vite. Or, tout à l'heure, j'ai découvert quelqu'un d'autre, un étranger pour ainsi dire.

Il se présente maintenant de face, et ce n'est plus le tendre compagnon habituel de mes soirées. Le menton a disparu au profit de la ligne parfaitement droite du nez et de lèvres boudeuses à peine entrebâillées. Les cils ne sont plus visibles, c'est la chevelure en arabesques et les longs favoris qui s'imposent, ainsi que le drapé quasi géométrique de sa robe. Extrêmement concentré, il est plus vieux, l'homme est déjà accompli.

Mais surtout, ainsi vu de face, il semble plus froid, plus indifférent à moi qu'il ne regarde pas de ses yeux fixant le lointain. Si je déplace un peu la lampe qui l'éclaire, ses traits deviennent même durs. On le dirait occupé ailleurs, insensible à ce qui peut m'arriver, comme si nous venions de nous fâcher pour une quelconque peccadille, non, pour un motif définitif.

Il fallait que je réapprivoise ce bel athlète témoin de mes soirées. Alors j'ai cherché à l'humaniser un peu, à le rapprocher de moi, et j'ai déjà trouvé: au bout du nez, une petite éraflure, probablement du dernier déménagement, que je ne voyais pas avant. Un tout petit rien qui rend la grâce à ce visage impassible.

Demain, d'ailleurs, il faudra que j'enlève la poussière.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Une éraflure ?
La décristallisation.
Le désamour commence ?