Le Chêne un jour dit
au roseau :
Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le
moindre vent qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je
vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La Nature envers vous me semble bien injuste.
Votre compassion, lui répondit
l'Arbuste ,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous
redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté
sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le
plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre
tient bon ; le Roseau plie.
Le
vent redouble ses efforts,
Et
fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.
La Fontaine
4 commentaires:
Ah, un sacré tube. D'ailleurs, cela me fait penser qu'enfant, lorsque j'ai appris cette fable et que j'en ai vu des représentations iconographiques, on représentait le roseau par une massette et dans ma famille, on appelait aussi les massettes des roseaux, alors que cela n'a rien à voir sur le plan botanique (du point de vue de l'habitat écologique, il y a moins de différences, certes).
Cornus : je ne connaissais pas le mot "massette" dans ce sens.
Calyste> Eh bien, oui, les espèces du genre Typha (essentiellement trois en France), sans doute appelées comme cela parce l'inflorescence / infrutescence est assez compacte et lourde.
Cornus : merci de l'explication.
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