Ne coupez pas.

Je crois que je vais débrancher mon téléphone à tout jamais. Chaque fois que je joins quelqu'un ou que l'on m'appelle, c'est l'occasion d'apprendre une mauvaise nouvelle. La dernière en date : on m'a averti qu'un ex-collègue et ami avait un cancer du visage. Je ne savais même pas que ça pouvait exister, cette saloperie ! 

Kieran était prof d'anglais chez nous, anglais lui-même, ou plutôt gallois. Un farfelu de première, et toujours prêt à lever le coude, au point que tout son maigre salaire de remplaçant y passait et qu'il débarquait régulièrement chez moi pour vider le frigo (du liquide !) ou m'emprunter trois sous (ou, pour être complètement honnête, pour voir à la télé un match de rugby). 

Avec lui, chez Kikou, nous avons fait des bringues mémorables. Je nous revois encore un soir, dans la cave voûtée où elle se passaient généralement, déguiser en entraineuses de saloon (avec un troisième larron) et nous déhanchant sur un play-back de Vénus, des Shocking Blue, en robes surmoulantes et pailletées. D'autres collègues présents ce soir-là avaient failli s'étouffer de rire. 

Il y a quelques jours, il a été emmené à l'hôpital et on lui a fait l'ablation du nez. Je crois que, malgré tout, il apprécierait le titre de mon billet ...