lundi 21 novembre 2011

Lever la cuisse

En farfouillant dans les spécimens de manuels scolaires envoyés chaque année par les éditeurs aux enseignants, j'ai découvert une aventure du Roman de Renart que je ne connaissais pas. Habituellement, nous avons invariablement droit aux anguilles, aux bacons, à la pêche sur l'étang gelé, à la bêtise de Chantecler, à la finesse de la mésange ou au fromage fort du célèbre corbeau.

Rien de tout cela, cette fois-ci. Un texte surprenant mais bien dans la mouvance de ce Moyen-Age qui aimait tant se moquer et n'avait pas peur des mots. Voilà l'affaire: Renart se présente chez Dame Hersent, la louve, épouse d'Ysengrin, qui vient de mettre au monde quatre louveteaux. Comme elle lui reproche de ne point s'être inquiété pour elle pendant sa grossesse, Renart lui fait accroire que c'est parce Ysengrin, qui ne l'aime pas, l'espionne sans cesse et soupçonne une liaison entre eux. Voici ce qu'Hersent, outrée, répond au goupil:
"C'est bien à tort qu'on me soupçonne! C'est en croyant venger son honneur qu'on fait son malheur. Je n'ai pas honte de le dire, je n'ai jamais pensé à mal"

Jusque là, rien que de bien moral! Écoutons la suite:
"Mais puisque mon mari s'en est plaint, je veux que désormais vous m'aimiez. Revenez souvent me voir, vous serez mon ami de cœur. Prenez-moi dans vos bras, embrassez-moi. Profitez-en, il n'y a personne ici pour nous accuser."
Renart s'approche pour l'embrasser sans dissimuler sa joie et Hersent, qui se plaisait à, ce jeu, lève la cuisse.


Diantre, la bougresse, comme elle y va! Et comme cet éditeur me fait plaisir qui n'a pas gommé la grivoiserie de nos ancêtres. pas comme celui qui, dans un texte où Renart était menacé d'avoir les couilles coupées, a pudiquement remplacé les parties qu'il jugeait sans doute honteuses par des oreilles !

12 commentaires:

Cornus a dit…

Et c'est ancien, ce manuel ? A croire qu'aujourd'hui, cela serait de nouveau censuré.
Du roman de renard, je ne connais que la version genevoise.

Calyste a dit…

Cornus: pas du tout. Je l'ai reçu cette année ou l'an dernier.

Calyste a dit…

Cornus: qu'appelles-tu la version genevoise?

Cornus a dit…

celle de Maurice Genevoix

laplumequivole a dit…

C'est un des textes que j'ai adoré étudier en fac (et traduire !), il trône toujours sur les étagères, mais quand je remets le nez dedans, aïe, je patauge allègrement !

Calyste a dit…

La plume: tu patauges ? Tu le lis en ancien français ?

Calyste a dit…

Cornus: ah ben oui, je n'y avais pas pensé! J'étais déjà sous le jet d'eau, moi!

laplumequivole a dit…

Ben oui, Calyste, je n'ai qu'une version ancien-français, et des bouts de feuilles avec les passages qu'on traduisait ! Alors oui, je patauge, le temps a passé là-dessus !!!!

Calyste a dit…

La Plume: il existe surement une version "bilingue".

Cornus a dit…

Laplume, normal de patauger sous le jet d'eau genevois de Calyste.

laplumequivole a dit…

Oui, oui, en ligne même, et une bonne en plus, mais j'aime patauger !
http://roman-de-renart.blogspot.com/

Calyste a dit…

Cornus: que de la soupe ce soir, tu es sûr?

La Plume: gaffe à pas glisser! Même la gym douce ne pourrait plus rien pour toi!