mardi 17 avril 2012

Restauration









La dernière en date.



Voilà ce que Jean-Claude est capable de faire avec ses petits mimines de fée: il a de l'or dans les doigts, cet homme. Je tiens ce Voltaire d'une de mes grandes tantes. Il y a quelques jours encore, il était dans un état déplorable: ressorts défoncés, velours bordeaux râpé et déchiré par endroit, roulettes totalement hors d'usage. Seul le mécanisme pour incliner le dossier avait résisté aux avanies des années passées.

Je me souviens qu'une nuit, je devais avoir six ou sept ans, j'y avais dormi, chez cette vieille tante qui m'y avait installé une couchette confortable. Las! la charmante dame m'avait permis auparavant de regarder un film à la télévision, ce qui, à cette heure avancée, était formellement interdit par mes parents. Il s'agissait de l'histoire du Curé d'Ars, à qui le Malin, qu'il appelait avec mépris le Grappin, en faisait voir de toutes les couleurs, en bloquant la roue de sa voiture ou en faisant abominablement grincer ses meubles la nuit. J'ai dans la tête que le rôle du Curé était tenu par Pierre Freynay, mais je dois sans doute confondre avec Monsieur Vincent. Or, cette nuit-là, alors que j'attendais ronfler la brave femme dans la pièce à côté, je ne pus fermer l'œil tant j'étais terrorisé: sa grande armoire bressane, qui me faisait face, ne cessait de craquer et de geindre.

Aujourd'hui, je ne peux voir ce fauteuil sans repenser à cette terreur enfantine. Ce fut la seule et unique fois que je couchais et chez ma tante et dans le Voltaire.

2 commentaires:

Cornus a dit…

Très bien restauré. J'aimerais bien en avoir un. J'ignorais qu'il en existât avec dossier inclinable.

Calyste a dit…

Cornus: je peux me tromper mais il me semble que ce sont les plus anciens modèles. Celui que possède ma mère ne l'a pas.