lundi 25 mai 2009

Mes hommes . - 1: du Levant.

Qu'ai-je retenu de celui-ci? Ce n'était pas le premier, bien sûr. Je l'ai connu alors que je m'approchais de mes cinquante ans. Rencontré au parc de la Tête d'Or comme je rentrais, épuisé, d'une fin d'après-midi orgiaque.

Ce sont ses jambes que j'ai remarquées d'abord: à la fois fines et musclées, de belles jambes d'homme, sensuelles et viriles mais touchantes aussi par une certaine grâce. Elles apparaissaient poilues comme il faut, sans excès, et bronzées sous le short plus clair. Ce devait être la fin de l'automne, un automne particulièrement beau puisque nous étions peu habillés. Oui, ce sont ses jambes que j'ai vues d'abord, puis sa silhouette de grand garçon bien équilibré, plutôt élancé et un peu lisse. J'ai bien sûr tout de suite aperçu sa calvitie naissante, ce qui m'excite tant chez un homme. Sa peau mate luisait sur son front dégarni.

En passant, lorsque nous nous sommes croisés, il m'a regardé. La nuit tombait. Malgré ma fatigue, j'ai quitté le chemin principal pour amorcer un détour, lui aussi. Nous nous sommes rapprochés d'un massif de fleurs, au bord de la pelouse. Qui allait faire le premier pas? Il s'assit dans l'herbe, l'air indifférent. Je connais cet air là. C'était donc à moi de me lancer. Je vins lui parler, je ne sais plus de quoi, mais nous nous sommes bien vite retrouvés côte à côte dans le gazon qui fraichissait sous l'obscurité grandissante.

Originaire du Proche-Orient, il en avait le mat de la peau et les yeux sombres. Une grande timidité dans l'approche également, masquée par une extrême politesse. Il est devenu mon amant, avec des rapprochements et des éloignements successifs. Une année entière, par exemple, je l'ai perdu de vue. Nous n'avions comme moyen de contact que le parc: pas d'adresse, pas de numéros de téléphone. Un rendez-vous manqué et nous ne pouvions plus compter que sur le hasard. Le hasard n'a pas été avec nous pendant de longs mois.

Il vivait plus ou moins avec une femme, moi avec Pierre. Ce que nous partagions n'était donc que du plaisir gratuit, ce qui le rendait précieux. Et puis un jour, je suis allé chez lui. Après ses jambes, c'est son côté maniaque que j'ai retenu. Comme c'était drôle, après l'amour, de le voir, une fois que nous étions douchés, briquer la salle de bains afin qu'il n'y reste aucune éclaboussure, aucune trace d'un passage quelconque, aucun objet dérangé de sa position initiale. Cela aurait pu tuer le plaisir, moi cela m'émouvait, comme l'image d'une sainte italienne posée au-dessus de son réfrigérateur.

Il a une petite dizaine d'années de moins que moi. Lorsque je l'ai rencontré, il avait un peu de mal à accepter vraiment son homosexualité. Il préférait parler de bisexualité et entretenait, pour la galerie et aussi pour lui-même, le mythe de la femme qu'il pourrait bien épouser. A ce jour, il ne l'a toujours pas fait. Respectant sa frilosité sur ce point et sur bien d'autres, je lui ai pourtant fait peu à peu franchir quelques pas importants, aussi bien dans sa tête que dans son corps. Il a fini par accepter certains gestes, certaines pratiques courantes entre garçons consentants et a semblé bien vite y prendre même un certain contentement.

Aujourd'hui, je le vois rarement mais toujours avec plaisir. Nos liens se sont un peu distendus lorsqu'il a quitté Lyon mais nous sommes toujours restés en contact téléphonique. Maintenant il a réintégré son appartement lyonnais. Il s'est un peu empâté mais pas trop et de l'ensemble de sa personne émane encore beaucoup de sensualité, sensualité à laquelle je ne reste pas insensible. Mais je ne sais pas s'il continue à nettoyer sa salle de bains avec autant de soin. Il faut que je pense à le lui demander, la prochaine fois!

3 commentaires:

christophe a dit…

Les hommes du Levant, leur peau et les femmes qu'ils doivent épouser...

Calyste a dit…

Tiens, toi aussi?

Lancelot a dit…

La prochaine fois que quoi.....?