samedi 10 novembre 2012

Merci posthume

Tout en songeant à ma retraite, j'ai repensé à ce vieil ecclésiastique qui nous avait trouvé du travail, à une amie et à moi. Cette amie a pris un congé anticipé pour cause de maladie, l'ecclésiastique est mort, depuis bien longtemps maintenant. Moi, je termine ma "carrière".

Dans les faits, cet homme ne m'aimait pas et je n'ai jamais, moi non plus,  accroché vraiment avec lui. Il affectionnait davantage mon frère, à qui il prodigua de nombreux conseils pour l'éducation de ses enfants et au moment de ses déboires conjugaux. Notre relation à nous deux passait uniquement par l'intellect,  jamais par l'affection. Nous avons eu parfois des discussions intéressantes, même si nous n'étions pas forcément du même avis. Mais je ne supportais pas le manque de délicatesse qu'il affichait souvent avec la ferme intention de choquer, ni sa curiosité directe ou insidieuse, selon les circonstances.

Pourtant, c'est à lui que je dois mon poste dans l'enseignement, dans un collège qui, s'il est en train de prendre un virage qui ne me convient pas, m'a procuré des années de bonheur et de plaisirs. Alors voilà: je tenais, avant de le renvoyer au fond de ma mémoire, à lui témoigner ma gratitude et à lui dire une nouvelle fois merci.

5 commentaires:

Cornus a dit…

Même si je les vois peu, j'ai de bons rapports (à tous pointe de vue) avec ceux qui m'ont aidé au début de ma vie professionnelle.

Jean-Pierre a dit…

Il existe des personnes qui à un moment de notre vie nous tendent la main ou nous ouvrent des portes providentielles sans bénéfice particulier et sans qu'on en comprenne toujours les motivations. Ça me parle également.. la vie passe, on oublie un peu, et puis lors d'un surgissement de la mémoire, on mesure la portée de leur geste, avec mélancolie pour moi, la mélancolie est une compagne de ma mémoire.

Didier M a dit…

Que sait-on vraiment de ceux qui se sont intéressés à nous alors que nous étions au début de la vie? deux personnes me viennent à la mémoire. Le prieur de St Benoit sur loire qui m'a ouvert les evangiles sans lesquels je ne serai pas ce que je suis. André B. dont ma mère me dit: "Tu étais le fils qu'il aurait rêvé d'avoir." Et ce n'est que 40 ans plus tard que ces deux figures sont là, toujoirs à m'accompagner dans ce monde qui m'est chaque jour davantage étranger. Deuxc compagnons par-delà le temps. Et dont j'ai aujourd'hui l'âge qu'ils avaient alors.

P. P. Lemoqeur a dit…

C'est marrant ce que tu racontes. J'ai moi aussi tu t'en doutes, bien des dettes vis à vis de ceux qui m'ont un peu fabriqué. Mais il n'en est pas un(e) pour qui je n'ai eu une sympathie profonde.Je ne faisait confiance qu'à ce prix là. J' ai eu un sacré pot, je ne me suis pas trompé, sur aucun(e). Faut dire qu'en bon poitevin,je suis méfiant de nature...

Calyste a dit…

Cornus: je suis très reconnaissant à cet homme. Peut-être nous y sommes-nous mal pris, chacun de notre côté, pour établir une relation plus approfondie, relation que j'aurais souhaitée.

Jean-Pierre: non, pas de mélancolie, sur ce point, pour moi. Ce que je veux retenir, c'est qu'il m'a fait confiance à un moment où j'en avais besoin.

Didier: D. a connu cet homme, François, qui habitait avec nous. Tu vois, malgré le manque de... de quoi au fait?, je pense toujours à lui et lui suis reconnaissant de m'avoir fait entrer dans un univers que je ne connaissais pas et où je me suis tout de suite senti bien, qui m'a, à moi aussi, permis de devenir ce que je suis.

PP: peut-être voulais-je évoquer le regret que j'ai encore aujourd'hui de ne pas avoir su le décrypter et l'aimer davantage.