dimanche 11 novembre 2012

Deux jours en Savoie

Lundi et mardi, je suis allé chez mon vieil ami Émile, prêtre à la retraite tout près d'Aix-les-Bains. Je le connais depuis longtemps et nous avons fait de nombreux voyages ensemble (Allemagne, Égypte...). Il a aujourd'hui soixante-dix ans et souffre de diabète. Mes derniers séjours chez lui avaient été un peu tristes, parce que je le voyais souffrir sans rien dire, diminuer physiquement et abandonner des activités qu'il avait aimées depuis toujours, comme la lecture par exemple. Il ne sortait plus guère et se contentait de faire son jardin et ses conserves.

Cette fois-ci, il s'était comme réveillé et nous avons passé les deux jours pratiquement toujours dehors. J'avais émis l'idée de revoir l'abbaye de Hautecombe, sur les bords du lac du Bourget, où j'avais pour la première fois mis les pieds aux alentours de mes sept ans, si j'en crois une vieille photo qui nous montre, ma grand-mère, ma tante, ma cousine et moi devant le bateau, à l’embarcadère. Nous y sommes allés, sous un ciel où se mêlaient soleil et pluie. Je n'en avais gardé aucun souvenir. La visite m'a intéressé, même si la beauté du bâtiment où sont enterrés de nombreux ducs et comtes de Savoie, maints rois et reines d'Italie, n'égale pas pour moi celle du monastère royal de Brou. Émile, fatigué, m'a ensuite attendu pendant que je descendais par la grange batelière jusqu'au bord de l'eau pour profiter du paysage évoqué par Lamartine.

Le lendemain, pendant sa visite à l'hôpital, j'ai visité le vieux centre de Chambéry, ville bourgeoise mais qui comporte encore d'anciens quartiers intéressants autour du château. Émile m'a ensuite emmené à Myans, à quelques kilomètres, où se trouve un sanctuaire de la Vierge Noire. Il fut construit par quatre moines franciscains à partir de 1452 après un éboulement du Mont Granier qui fit plusieurs milliers de morts (1248), en remerciement à la Vierge puisque le glissement des roches s'était arrêté au pied d'un oratoire consacré à Marie. D'abord la crypte puis, quarante ans plus tard, une chapelle au-dessus. Les voûtes sont recouvertes de fresques peu esthétiques mais intéressantes réalisées en 1936 par Léon Raffin et représentant tous les saints et les saintes de Savoie. Plus attachants sont la statue de la Vierge Noire, le chemin de croix en bois d'olivier et le tabernacle de facture moderne. Le sanctuaire est aujourd'hui dominé par une imposante Vierge à l'enfant, proche dans sa facture de celle qui domine la Basilique de Fourvière à Lyon. La montée à la statue par un escalier étroit en colimaçon coupe les mollets mais est récompensée, au sommet, par une vue étendue sur les montagnes et collines voisines où pousse de la vigne qui donne un excellent vin blanc.

L'après-midi, balade dans Rumilly où Émile et Pierre se sont connus dans un collège privé avant d'entrer au séminaire.

Et puis, je ne peux pas évoquer une visite chez mon vieil ami sans parler de sa cuisine, rustique mais délicieuse: langue de bœuf, magret de canard et velouté de potiron, entre autres. Deux bons jours, quoi. Heureux surtout d'avoir vu Emile reprendre goût à la vie.


2 commentaires:

Cornus a dit…

Hélas pas le temps de m'attarder dans Chambéry lors de mon passage fin septembre.
Et le lac, en revanche, je l'avais longé sur une large portion en arrivant (j'ignorais que le chemin de fer passait là).

Calyste a dit…

Cornus: c'est ce qui fait d'ailleurs tout le charme de cette ligne.