vendredi 22 février 2008

Ca ne vole pas bien loin.

Je viens de terminer la lecture des Cerfs-volants de Kaboul, de Khaled Hosseini.

J'ignorais, en l'achetant en poche il y a quelques mois, qu'il avait eu un immense succès, succès confirmé récemment par la sortie d'un film. C'est le livre que j'avais emporté avec moi et que je commençais à lire à la clinique la nuit de la mort de mon père. Je ne l'ai pas retouché pendant longtemps, jusqu'à ce qu'une collègue m'en reparle pour me dire qu'elle le trouvait extraordinaire.

Je ne partage pas tout à fait son avis. Bien sûr, comme beaucoup de romans écrits par des américains aujourd'hui, cela peut se lire avec plaisir, sans gêne en tout cas. Peut-être est-ce l'influence des ateliers d'écriture que beaucoup d'écrivains des Etats-Unis semblent fréquenter.

Mais, peut-être à cause de ces mêmes ateliers, on a affaire à une littérature totalement lisse, polie dans les deux sens du mot, c'est à dire sans aspérités et sans incongruité. Même les scènes les plus violentes de l'histoire, la lapidation d'un homme et d'une femme au stade, ou la bagarre avec un des chefs talibans par exemple, semblent avoir été passées à ce filtre-là: le littérairement correct.

De plus, les gentils sont très gentils, les méchants très méchants, et la rédemption du héros fait tellement rapidement peu de doute que l'on ne voit plus qu'une histoire destinée à tirer des larmes à Manon là où j'aurais aimé trouver une mise en romanesque un peu plus rude et proche de la réalité de la guerre en Afghanistan.
D'ailleurs la dernière partie du livre, la recherche de l'enfant dans les ruines de Kaboul et la fuite au Pakistan, m'a un peu irrité: on n'est plus très loin d'une écriture cinématographique, l'histoire est comme mise en images, et le héros se transforme un peu trop à mes yeux en une sorte d'Indiana invincible, en un James Bond qui, après l'épreuve obligatoire de nos jours de la dégelée monumentale, se remet très vite en selle et sort vainqueur de toutes les chausse-trappes.

En résumé, je comprends qu'un tel livre plaise au plus grand nombre, et ce n'est pas déshonorant.
Ce soir, je dors avec Berlin Alexanderplatz d'Alfred Döblin.

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