J'ai découvert Thomas Mann grâce au film Mort à Venise (1971), de Visconti. J'ai voulu, dans la foulée, lire le roman de Mann mais je n'y ai pas retrouvé la magie du film. Cette fascination (qui m'avait valu d'échapper de peu à une voiture devant le cinéma) ne venait pas de l'adolescent (Tadzio) qui ne m'a jamais braucoup inspiré (trop androgyne, peut-être) mais de la beauté de la musique de Mahler (que je découvrais aussi), de la grâce de Silvana Mangano et du personnage de Gustav von Aschenbach (joué par Dirk Bogarde).
Aujourd'hui, je me retrouve dans ces quelques lignes de l'interview de Mann par Visconti :
" Rien n'est inventé, le voyageur dans le cimetière de Munich, le sombre bateau pour venir de l'Île de Pola,
le vieux dandy, le gondolier suspect, Tadzio et sa famille, le départ
manqué à cause des bagages égarés, le choléra, l'employé du bureau de
voyages qui avoua la vérité, le saltimbanque méchant, que sais-je… Tout
était vrai.
L'histoire est essentiellement une histoire de mort, mort
considérée comme une force de séduction et d'immortalité, une histoire
sur le désir de la mort. Cependant le problème qui m'intéressait surtout
était celui de l'ambiguïté de l'artiste, la tragédie de la maîtrise de
son Art. La passion comme désordre et dégradation était le vrai sujet de
ma fiction.
Ce que je voulais raconter à l'origine n'avait rien d'homosexuel ; c'était l'histoire du dernier amour de Goethe à soixante-dix ans, pour Ulrike von Levetzow, une jeune fille de Marienbad : une histoire méchante, belle, grotesque, dérangeante qui est devenue La Mort à Venise.
À cela s'est ajoutée l'expérience de ce voyage lyrique et personnel qui
m'a décidé à pousser les choses à l'extrême en introduisant le thème de
l'amour interdit. Le fait érotique est ici une aventure
anti-bourgeoise, à la fois sensuelle et spirituelle."
L'Italie est pour moi, et a toujours été, la patrie de l'art et de la mort.
3 commentaires:
aïe, je dois confesser que c'est une des pires expériences cinématographiques de ma vie... bon, ne pas aimer un film ça n'est pas si grave - encore qu'ici c'était de l'insupportation - mais ça m'a traumatisé car j'avais entendu les louanges dithyrambiques de ce film lorsque j'étais trop jeune pour le voir, par ma sœur qui en était raide, au point de l'avoir vu un dizaines de fois dans un laps de temps assez court, c'est dire le choc de ressentir l’exact inverse !
Si j'en juge ces images, cela ne me plairait pas. Mais la musique se laisse bien entendre jusqu'au bout.
Karagar : moi aussi, très souvent, j'ai été déçu par un film ou un roman que l'on m'avait présenté comme formidable. Mais dans le cas présent, je suis un peu surpris.
Cornus: pourtant la musique traduit bien l'ambiance du film !
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