dimanche 11 avril 2021

Tilt

A midi, quand nous étions à la maison, Pierre et moi, nous mangions souvent dans l'un des deux bars près de chez nous. Le plat du jour n'était pas cher et surtout, il y avait un flipper dans l'un comme dans l'autre. Janette, la femme à la voix rocailleuse de fumeuse, servait dans celui où nous avions rencontré le vieil arménien réchappé du génocide perpétré par la Turquie et qui m'avait offert un livre sur les littératures grecques et latines que j'ai encore (j'en ai déjà parlé). 

Dans l'autre, tenu, près de la préfecture, par toute une famille, de la grand-mère aux petits-enfants, nous avions fait la connaissance d'un groupe de jeunes iraniens ayant fui le régime du Shah et réfugiés en France. Ils parlaient correctement le français et jouaient souvent au flipper avec nous. Je me souviens particulièrement de l'un d'entre eux que je trouvais très beau. Il n'était pas très grand mais avait des yeux splendides, un regard noir et caressant, des yeux en amande qu'ombraient de longs cils. 

Un jour, ils ne vinrent pas et nous ne les  vîmes plus jamais. C'étaient dans les années soixante-dix.  Je me suis toujours demandé, par la suite, s'ils étaient rentrés en Iran pour rejoindre l'ayatollah Khomeini et sa révolution islamique. Mais des partisans de Khomeini auraient-ils joué aux flippers avec des impies ?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

A Cherbourg et à la fin des années 70 nous avions des voisins Iraniens, des militaires Iraniens c'étaient de beaux hommes rieurs vivants, profitant il me semble de tous les plaisirs de la vie à l'occidentale, ils ont vécu plusieurs mois (années) dans ce nord Cotentin en mission afin de "prendre en main" un sous marin construit là, et puis la révolution, je n'ose pas imaginer ce qu'ils sont devenus...

Bleck

Cornus a dit…

Pas facile tout ça... La France a sérieusement déconné et pendant longtemps avec l'Iran en soutenant l'insoutenable et après cela nous a chié dans les doigts.

CHROUM-BADABAN a dit…

A l'époque, Khomeini représentait un espoir pour les exilés. En quelques mois ils ont déchanté et se sont retrouvés en prison ...

Calyste a dit…

Bleck : les miens ont peut-être subi le même sort, comment le savoir ?

Cornus : souvenons-nous des célébrations de Persépolis en 1971 !

Chroum : en prison ou pire !

Cornus a dit…

Calyste> Oui, mais pas dans mes souvenirs vécus...

Calyste a dit…

Cornus : moi oui, assez largement !