Huis clos

Debout de bonne heure ce matin. J'allais avoir le temps de faire des tas de choses en attente, pensais-je. Mes plantes avaient bien soif. Je commence par là, y compris celles dans la cage d'escalier. En plein travail, j'entends un bruit sec : ma porte venait de se refermer, suite à un courant d'air. A la porte, pas de poignée, à moi, pas de clés (elles sont à l'intérieur), pas de téléphone. Juste une tenue de lever, avec un caleçon qui a tendance à glisser !

Je sonne chez les voisins du dessus : pas là. Je sonne chez la voisine du dessous : elle prend sa douche, ne reconnait pas ma voix et me demande de repasser une demi-heure plus tard.  Son voisin passe l'aspirateur et finit par m'entendre. Mais, avec sa porte blindée, il n'a pas de clefs convenables. Je sonne une nouvelle fois chez ma voisine. Elle finit par m'ouvrir en peignoir. Il aurait fallu prendre la scène en photo  une vieille en peignoir, un vieux en caleçon.

Je téléphone de chez elle à ma sœur qui a un double : elle n'est pas chez elle et, bien entendu, je ne connais pas par cœur son numéro de portable. Je pense à téléphoner à un ami de Villeurbanne qui a un deuxième double mais l'annuaire de la voisine ne concerne que Lyon et son ordinateur qu'elle allume est du genre très très lent. Je me demande en plus si l'ami n'est pas sur la liste rouge. Je téléphone à mon ancienne femme de ménage qui, elle aussi, a encore les clés : pas chez elle. Il va falloir faire appel à un serrurier, en sachant ce que ça coûte.

J'essaie une dernière fois chez ma sœur et, miracle, elle répond : elle était aux poubelles. Il va falloir que j'entende son arrivée, soit une bonne demi-heure. La voisine m'offre un café et, en plus, un pot de confiture d'abricot qu'elle vient juste de terminer.

Bref, ma sœur arrivée, je peux enfin ouvrir ma porte ! Mais, pour ce que je voulais faire ce matin, ça va devoir attendre ! Je crois que je vais apprécier la confiture !