mardi 26 mars 2019

Lyon inconnu (2)

Pourquoi ne pas réaliser le lendemain ce que l'on avait prévu de faire la veille ? Pas possible de rejoindre la Saône le samedi : qu'à cela ne tienne, j'y suis allé dimanche. Pas de circulation, et si j'ai croisé dix personnes à pied, c'est bien le diable.

Le quai des Étroits (nommé Jean-Jacques Rousseau sur Lyon), qui longe le pied chancelant de la colline de Fourvière, constitue la rive droite de la Saône lorsque l'on quitte Lyon en direction de la Mulatière. De l'autre côté, rive gauche, s'étend le quartier désormais hyper-branché des Confluences. Seul et au calme sur ma rive, j'apercevais la frénésie et l'agitation des terrasses de bar en face. Heureux !



En 1564, on y enterrait les morts de la peste, le long d'un étroit chemin bordant la rivière. En élargissant la voie, au XIX°, on y a aussi trouvé des pierres tombales romaines. Le quai doit son nom au philosophe français des Lumières qui, lors d'un passage à Lyon en 1732 (voir Les Confessions), passa une nuit à la belle étoile dans une grotte (aujourd'hui privée) qui devint, au XIX° un lieu de pélerinage pour écrivains, poètes et artistes.

Au début, d'anciens immeubles populaires sans grand style qui ont l'air d'avoir été investis par des bobos ou artistes et où j'ai eu la surprise (c'était décidément le week-end à ça !) de voir sur une boîte à lettres le nom du cousin d'un ami depuis perdu de vue, cousin chez qui je logeais lors de mes séjours à Paris, près de Saint-Augustin. En temps qu'architecte, il bénéficie toutefois d'une belle véranda et d'une grande terrasse donnant sur la Saône où il ne doit pas être désagréable de prendre l'apéritif.




Plus loin, je redécouvre  par hasard encore un lieu connu : le site de l'UNS, Unité Nationale Séricicole, visitée il y a fort longtemps avec mes élèves, sous la houlette de leur prof de SVT (anciennement sciences naturelles)

Puis quelques immeubles récents et de standing, mais c'est après que le quai me séduit le plus. Il est alors bordé des murs de vastes propriétés dont les maisons de maître, un peu plus haut sur la colline, ont été construites au XVII° siècle. Mais la colline est fragile et peu stable et s'effondre parfois, la dernière fois en 2006. Alors, le bas des propriétés n'est plus qu'éboulis que retiennent étais et anciens murs.






La plus belles de ces propriétés est le domaine Bellerive, dont l'existence est attestée dès 1363, achetée au XVII° par une riche famille bourgeoise qui transforma une résidence modeste en imposante maison des champs, propriétés qu'affectionnaient les fortunes lyonnaises lorsqu'elles voulaient se mettre au vert. Au XX°, la congrégation des Maristes qui occupe alors les lieux ne les entretient guère, se contentant de transformer le nymphée en .... grotte de Lourdes ! Aujourd'hui, le domaine est en restauration.





J'arrête mon périple à la hauteur de l'établissement d'enseignement privé de l'Assomption-Bellevue pour photographier, tout au bout du quai, le beau pont métallique de chemin de fer qui jouxte presque le nouveau musée des Confluences.




La nostalgie avait fini par m'envahir : solitude et vieilles demeures en péril du côté de l'ombre, immeubles à l'architecture futuriste et jeunesse bruyante du côté du soleil. Comme une métaphore de l'existence....

 



10 commentaires:

plumequivole a dit…

Je suis intriguée par ce nom de quai des Étroits. Tu m'éclairerais ?

vaileka a dit…

Une rose ( Madame Meilland, je pense ) déjà épanouie ! Mes rosiers, en Normandie, sont loin de l'être ... La nature reprend vite le dessus et je suis toujours triste de voir d'un côté d'une ville des maisons abandonnées , des murs effondrés, quelquefois des débuts de restauration arrêtés , faute de moyens sans doute, et pas loin de nouvelles constructions , modernes à l'architecture parfois choquante . Un effet de l'âge sans doute ! Moi, j'aime bien l'idée de la petite maison individuelle, dans la verdure qui résiste, toujours debout au milieu des nouveaux immeubles !

Calyste a dit…

Plume : ce n'est pas faute d'avoir cherché mais je n'ai rien trouvé de très convaincant. Une seule piste : avant élargissement, il n'y avait qu'un chemin de halage très étroit. D'où le nom, mais pourquoi un pluriel ? Je vais encore chercher.

Vaileka : moi aussi, je tremble toujours en voyant une belle maison particulière entourée d'immeubles agressifs. Peur qu'on la détruise, et c'est souvent ce qui se passe. J'ai une vieille carte postale montrant toutes celles qui étaient autour de chez moi. Il en reste seulement trois. Pour combien de temps ?
J'ai trouvé cette rose très belle et généreuse.

Pippo a dit…

Merci de me faire découvrir ta ville.
Pipo.

Calyste a dit…

Pipo : les deux quartiers présentés sont des lieux où aucun touriste ne met jamais les pieds et pourtant typiques de Lyon.

Calyste a dit…

Pipo : Ma ville d'adoption (je suis stéphanois d'origine).

Cornus a dit…

Jolie visite. Je suis scotché de voir qu'il y a déjà des roses en fleur en mars !

Calyste a dit…

Cornus : moi aussi, surtout de cette taille ! Peut-être un microclimat : il y a aussi un bananier.

karagar a dit…

jolie conclusion, et la rose oui étonnant, et chez moi aussi je constate ce genre de folie...

Calyste a dit…

Karagar : le contraste entre les deux rives est tellement saisissant.