mardi 20 juillet 2010

La Fin

Séduit par l'illustration de première de couverture montrant un détail d'un tableau de Hopper (Sunday) et par la brève présentation de quatrième, j'ai acheté un roman de Salvatore Scibona, La Fin. Histoires d'immigrés italiens aux Etats-Unis étalées sur plusieurs années.

Certains passages se lisent agréablement car présentant un récit linéaire et clair, au style simple et agréable. Et puis, brusquement, comme si Scibona avait honte d'être aussi transparent, voilà que l'on passe à des phrases alambiquées, aux allusions hermétiques, aux constructions hachées, au vocabulaire rare, comme si, volontairement, l'auteur jetait son encre de seiche à la figure du pauvre lecteur qui n'avait pas vraiment besoin de cela. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? J'ai l'impression que la mode littéraire en est là aujourd'hui.

Un petit extrait tout de même, dans les bonnes pages:

Un autre train entra en gare, en provenance de Baltimore, et une négresse âgée s'aventura dans le soufflet en tenant son chapeau sur sa tête. Elle parut alors découvrir que ce n'était pas le bon chemin pour rejoindre la sortie, elle rentra dans son compartiment et, une minute plus tard, fit son apparition à la portière du wagon, écarquillant les yeux devant la foule agglutinée sur le quai, touchant son chapeau d'une main frémissante comme pour s'assurer de sa présence, jusqu'à ce qu'un autre femme de couleur l'appelle, se rue vers elle et lui prenne son sac. Une grande femme blanche en manteau bleu au col de vison se mordait la lèvre en lisant une revue de cinéma dont la couverture montrait au dos un acteur de western souriant et moustachu qui jurait que les Lucky ont meilleur goût. Quelqu'un essaya de leur vendre une barre chocolatée. Ce qui ressemblait à une chaussure d'homme en excellent état se dressait, droite et brillante, dans une poubelle.
( Salvatore Scibona, La Fin. Ch. Bourgeois éditeur. Trad. de Brice Matthieussent.)

2 commentaires:

Lancelot a dit…

Ah ben, moi j'aurais aimé un extrait dans les mauvaises pages. ça aurait été intéressant aussi, non ? Est-ce la peur de paraître méchant qui t'a retenu ?

Calyste a dit…

C'est sur la longueur que c'est mauvais, Lancelot. Je n'avais pas envie de perdre mon temps.