Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras ;
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas ;
Ne vois-tu pas le sang lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer nos déesses ?
Forêt, haute maison des oiseaux bocagers !
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
Plus du soleil d'été ne rompra la lumière.
Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous percé,
Son mâtin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette
Tout deviendra muet, Écho sera sans voix ;
Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue ;
Tu perdras le silence, et haletants d'effroi
Ni satyres ni Pans ne viendront plus chez toi.
dimanche 11 septembre 2022
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4 commentaires:
Et puis après, mon pauvre Ronsard, à la place de tes charrues viendront les tracto-pelles, les grues, les parkings et les zones commerciales, alors hein, arrête de râler, et profite !
Mais tu nous l'as déjà mise le 26 août ! C'était pour tester notre mémoire ? 😊
Plume : j'aimerais bien connaître sa réaction à ton commentaire !
Cornus : non, c'est la mienne qui flanche ...
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