dimanche 11 avril 2021

Poèmes persans

Quatrains de Omar Khayyām, (1048 ?-1131) (Traduction de Jean Lahor)

Celui qui fit la coupe aime aussi la briser !
Chers visages si beaux, et seins doux au baiser,
Par quel amour créés, détruits par quelle haine,
Périssez-vous, trésors de cette fleur humaine ?

Étreins bien ton amour, bois son regard si beau,
Et sa voix, et ses chants, avant que le tombeau
Te garde, pauvre amant, poussière en la poussière,
Sans chansons, sans chanteuse amie, et sans lumière.
 

Puisque ce monde est triste et que ton âme pure,
O mon amie, un jour, doit aller chez les morts,
Oh ! viens t’asseoir parmi les fleurs sur la verdure,
Avant que d’autres fleurs s’élèvent de nos corps.

Que vos pas soient légers à ces mousses fleuries,
Près de ces flots riants comme des pierreries,
Car on ne peut savoir de quelles lèvres douces
Et mortes, ont jailli ces fleurs parmi ces mousses.

Tu vis donc se fermer, plein d’adorables choses,
Ce livre, ta jeunesse, et se mourir les roses
Du jardin, d’où l’oiseau d’hier s’est envolé...
- Où, pourquoi, qui le sait? Où s’en est-il allé?
 
 
 

Comme l’aube écartait le rideau de la nuit,
Quelqu’un de la taverne a crié : le temps fuit.
Remplis ta coupe avec la liqueur de la vie,
Et sois ivre, avant l’heure où la source est tarie.
 

Que de soirs, avant nous, ont éteint leur clarté !...
Oh ! prends garde, en posant ton pied sur la poussière,
Car peut-être fut-elle, aujourd’hui sans lumière,
La prunelle des yeux d’une jeune beauté ?

4 commentaires:

plumequivole a dit…

Les rubaiyat d'Omar Khayyam sont dans mon environnement immédiat (pas très loin de l'oreiller et de la lampe de chevet donc :) ) depuis une petite éternité. Dans une éditions de chez Seghers de 1965, et une autre traduction donc (JB Nicolas) qui date de 1867 !

Calyste a dit…

Plume : tu dois faire de beaux rêves !

plumequivole a dit…

Je serais curieuse de voir la traduction récente, à l'occasion, si je tombe dessus j'achète !

Calyste a dit…

Plume : celle de Lahor date de 1907.