En regardant hier soir une excellente émission d'Arte consacrée aux Visages oubliés de Palmyre, je me suis fait la réflexion suivante :on reproche souvent à ces bustes ou portraits antiques, qu'ils soient de Palmyre, de Rome ou du Fayoum, de ne pas être réalistes, de représenter davantage un statut social qu'une personne réelle. L'important y semble être davantage les bijoux, la tenue ou, parfois, la morgue que la véritable personnalité du défunt à travers des traits ressemblants.
Mais, finalement, n'est-ce pas la même chose dans la vie réelle ? Qu'offrons-nous le plus souvent à ceux qui nous regardent, si ce n'est non pas une personne mais un personnage, celui ou celle qu'ils attendent de voir, ou du moins celui ou celle que l'on s'imagine qu'ils attendent de voir ? Ils sont rares, les moments où l'on ne se cache pas derrière un masque, plus ou moins ressemblant mais cachant l'intime, le secret, l'inavoué. Et la photo posée procède de la même façon. Peut-être l'amour est-il capable de faire tomber ce masque, et encore ...
Fayoum |
Rome |
Palmyre |
4 commentaires:
le portrait, c’est compliqué : un modèle, un artiste, un prix et tout est possible ...
De tout temps, l'homme a cherché à se distinguer, ainsi que Pierre Bourdieu l'a théorisé dans son essai dérangeant, La Distinction (Minuit). A lire. Cordialement.
Pour moi les portraits du Fayoum vont bien au-delà de ces considérations, les classes sociales.
Ce sont bien évidemment des gens riches qui étaient peint sur ces morceaux de bois. Parce que la destination de ces portraits, c'était d'être pour l'éternité la représentation de leur visage sur des plaquettes en bois. Plaquettes fixées sur leurs corps momifiés et emmaillotés.
Ce que j'y vois surtout, c'est le regard triste et mélancolique de ces personnes qui étaient en passe de mourir bientôt ou bien portantes, qui connaissaient la destinée funéraire de leur portait. Parce que tous ces portraits visait l'au-delà de la mort.
Et puis ce qui est intéressant : ce sont souvent des belles personnes assez jeunes ...
Câo : certains peintres ont fait des prodiges pour "améliorer" leurs (royaux) portraits !
Pippo : pas lu, mais Bourdieu était très aimé de Pierre.
Chroum : pour ce qui est de ceux de Palmyre, c'est le cas aussi (la trace pour l'éternité). Je suis, comme toi, en admiration devant les regards du Fayoum, de loin les plus émouvants.
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