vendredi 8 février 2019

Et pourquoi pas la peinture ? (41)

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Théodore Géricault, La Monomane de l'envie (1819-21)

Géricault est surtout connu pour ses chevaux. Moi, je leur préfère ses portraits, en particulier les monomanes (ou fous) dont il existe cinq exemplaires. Celui-ci se trouve au Musée des Beaux-Arts de Lyon.

Il me plaît parce qu'il provoque en moi à la fois de la répulsion et une profonde tendresse. Répulsion devant les traits évidents de la folie sur ce visage de vieillarde (fixité du regard, bouche crispée, tête penchée comme celle d'un taureau qui va foncer). Tendresse parce que j'aime les vieux, les vieilles femmes particulièrement ( j'ai été élevé par ma grand-mère). Quand j'en croise dans la rue, ratatinées, allant à pas comptés, couvertes d'un manteau élimé, portant avec peine un cabas toujours trop lourd, je m'arrête souvent pour les regarder et je pense à ce que fut leur vie, de soumission à leur mari, de dévouement à leurs enfants, obligées de faire avec ce qu'on veut bien leur donner pour nourrir la famille. Et sans jamais se plaindre. Que les femmes sont fortes et admirables !

4 commentaires:

Cornus a dit…

J'ai l'impression de connaître. Je ne l'ai pas photographiée au musée des beaux-arts de Lyon, car soit je l'ai loupée soit, soit le tableau était momentanément absent; soit je n'avais plus assez de batterie (car je n'avais pas mon appareil, mais le petit de Fromfrom), car normalement, c'est un peintre sur lequel je me serais sûrement attardé. C'est la seconde fois cette semaine que tu me donnes envie de retourner dans ce musée.

vaileka a dit…

Quand on sait qu'à cette époque les femmes étaient souvent internées par leur propre mari juste pour insoummission conjugale , ou non respect des codes bien-pensant de la société ( notamment la société rigide victorienne de l' Angleterre du 19ième siècle ) cette femme me fait pitié et j'imagine juste qu'elle nous demande " Mais qu'est-ce que je fais là ? "

Calyste a dit…

Cornus : plus de batterie, c'est ce qui m'est arrivé lors de la visite de l'exposition sur Claude. ET la seconde était à plat aussi....

Vaileka : je pense à Camille Claudel.

CHROUM-BADABAN a dit…

D'un coté, je me dis, si on ne t'avait pas dit qu'elle était monomane de l'envie, dirais-tu qu'elle a les traits évidents de la folie ?
Parce que je trouve qu'elle a été peinte un peu comme on fait une prise de vue, en une fraction de seconde et qui fige les traits, d'où ce regard et cette bouche pris au dépourvu et qui peut donner cette impression de folie.
D'un autre coté, tu as raison, Géricault en 1820 ne pouvait pas avoir le sens du centième de seconde photographique, les appareils n'existaient pas. Donc c'est bien une folle, qui lui a servi de modèle et qui avait surement cet air égaré et buté le long temps d'une pose.
Je me demande si je suis compréhensible et pourquoi j'écrit tout ça !
A part ça, une longue pose réclame une longue pause !
Je savais bien que quelque chose me turlupinait dans ce tableau !