jeudi 13 septembre 2012

Lacretelle et le cinéma

L'autre soir, je me suis mis à rechercher dans ma bibliothèque, un ouvrage que je croyais posséder sur les seconds rôles du cinéma français. En fait, rien de cela: la mémoire n'est pas seulement sélective, elle est aussi trompeuse. En réalité, il s'agissait, en deux tomes, du Roman du cinéma publié en 84 et 86 chez Fayard sous la plume de Claude-Jean Philippe, celui qui fit les beaux jours (les belles nuits plutôt) du cinéclub à la télévision.

Je les ai depuis feuilletés, en remettant la lecture à plus tard, et suis tombé sur  une page (T.1, p.257) où l'auteur cite un article de Jacques de Lacretelle publié dans le Figaro le 13 février 1935. Une attaque en règle contre le cinéma:
" J'ai le sentiment, écrit-il, que tout le monde est d'accord sur la valeur du cinéma, et surtout les plus fervents: ils ne le jugent pas, ils le subissent.... Ils ont besoin à certaines heures de ne plus penser à rien, d'absorber quelque chose dont ils reconnaissent parfaitement l'insignifiance. Ils ont besoin d'oublier, de se laisser endormir sans risques. En un temps de drogues, c'est la plus inoffensive, la plus bourgeoise, et qui est à la portée de toutes les bourses...Les industriels du cinéma le savent et leur produit est devenu un mélange de luxe faux, d'esprit passe-partout, de sentimentalité démagogique, une sorte d'emplâtre calmant à base de soie artificielle et de glycérine. (...) Et cette heureuse formule leur a assuré un débouché illimité dans l'empire de la bêtise."

Que dirait aujourd'hui monsieur de Lacretelle en fréquentant une salle obscure ou en découvrant la télévision?


5 commentaires:

laplumequivole a dit…

Et moi je ne sais pas quel genre de films il allait voir M de Lacretelle pour être si tranché ! Et même aujourd'hui il y a toujours de très très bons films dont certains n'incitent pas au sommeil ni à la paresse intellectuelle. Bon, d'accord, ils ne font pas les gros titres des magazines. Mais chercher, c'est aussi du ressort du spectateur, non ? Sinon il n'a pas le droit de se plaindre !
Sinon, Claude-Jean Philippe, aaaaaah que de bons souvenirs ! C'était l'époque où je squattait l'appart des parents et donc aussi leur télé...

laplumequivole a dit…

squattais, tant qu'à faire...

Cornus a dit…

Pas d'accord, mais j'aime bien la charge.

P. P. Lemoqeur a dit…

Eh ben ! heureusement qu'il n'a pas connu TF1 et le commerce "de temps de cerveau disponible"...

Calyste a dit…

La Plume: le cinéma aujourd'hui est-il un art ou (à quelques exceptions près, c'est vrai) une simple pompe à fric ?

Cornus: charge qui était, pour l'époque, plus injuste qu('elle ne le serait aujourd'hui.

P.P: et si tu connais la télévision italienne..... Mamma mia!