lundi 17 septembre 2012

Le doute

"Le doute est un mol oreiller pour une tête bien faite", écrivait Montaigne dans ses Essais. Je porte une profonde admiration à ce monsieur, mais alors, ou bien j'ai une tête mal faite, ou bien il s'est complètement planté, le père Montaigne.

Comment peut-on s'épanouir dans le doute? Dans l'esprit critique, certes, mais dans le doute? Rester comme ça, à ne pas savoir, et s'en contenter benoîtement, comment est-ce possible? Ce qu'on ne connaît pas, on a envie de le connaître, ce qu'on ne sait pas, on a envie de le savoir, quitte à en souffrir, non? Mais la souffrance que peut apporter une certitude n'est-elle pas préférable à  la fadeur molle du doute? L'humanité se serait-elle contentée d'appliquer cette maxime qu'elle n'aurait pas progressé d'un pouce depuis des millénaires. Et, dans la sphère privée, l'individu ne serait qu'un ectoplasme sans sentiments ni passion.

Allez, à d'autres, le doute, monsieur Montaigne. Moi, je n'en veux pas.

9 commentaires:

laplumequivole a dit…

Je crois qu'il voulait seulement opposer le doute, qui est une exigence morale, aux certitudes trop faciles.
Mais peut-être que je me trompe.
En tout cas, moi je doute, toujours, en tout cas j'essaye, j'essaye. Et je ne trouve pas l'oreiller facile du tout !

Anonyme a dit…

Pour ma part, le mol oreiller me convient parfaitement pour dormir.
Juste pour dormir, car pour le reste, je ne me balade pas avec ce machin sur la tête.
Quant au doute, je peux m'y laisser aller, juste le temps d'un repos, pas plus.

charlus a dit…

Tu ne te trompes pas laplume.
Mais y en a qui ne doute de rien! Même pas, surtout pas, d'eux mêmes!

Cornus a dit…

N'est-on pas en train de confondre doute(s) et connaissance(s) ? Le doute ne fait-il pas partie de la démarche scientifique normale ? Les certitudes sont au contraire dangereuses pour la pensée et slérosent le progrès dans bien des domaines. Tout dépend du degré du doute.

P. P. Lemoqeur a dit…

C’est un peu plus simple et un peu plus compliqué. Montaigne était pyrrhonnien donc adepte du scepticisme, cousin ou frère du doute extrême. Ce refus de l’assentiment donc du choix entre deux propositions de forces équivalentes conduit pour lui à une résultante : la tranquillité.
Quoi de plus oreiller confortable que cette tranquillité, proche sans qu'il le sache du nirvana, du rien, l’anéantissement...

Jérôme a dit…

j'aimerais douter plus souvent.

Anonyme a dit…

Je dis souvent que j'ai plus de doutes que de certitudes. Ce qui me protège du dogmatisme. Et surtout de croire que je détiens la vérité, attitude que je trouve insupportable chez les autres, ceux qui essaient me convaincre qu'ils ont raison. Le doute me permet d'avancer, de chercher et de me construire encore. Au fond, je suis rarement certaine d'avoir raison, cependant cela m'est égal puisque je continue de progresser (enfin j'espère). Le doute pour moi n'est pas une souffrance, ni une forme d'hésitation. Il s'apparente presque à de la sérénité. Cela me donne envie de relire Montaigne pour essayer de comprendre ce qu'il veut dire quand il parle de "doute".
Anna

P. P. Lemoqeur a dit…

Seulement voilà !
Si je doute,j'en arrive automatiquement à douter de mon doute...
Ce qui ne mène pas forcément et pour autant à la certitude.
La certitude ne présente pas cet inconvénient qui mène inévitablement à l'aporie. Le fait d'être sûr de sa certitude relève de la logique absolue et se trouve dans ce cas précis être "la moindre des choses"
Maintenant, puis-je affirmer ma certitude de vivre dans le doute.

Et ce d'autant plus qu'il m'arrive parfois "de ne pas être de mon avis"...
Je plaisante .

Calyste a dit…

A tous: j'ai précisé ma pensée dans le billet suivant.