jeudi 24 septembre 2009

Silence

Te regarder dormir. Fermer les yeux, rêver que tu rêves à moi. Croiser nos mains quand nos corps s'écrasent. Lécher tes yeux, chercher ta bouche. De ma langue explorer tes dents. Ne rien dire que par les yeux ouverts en même temps, pour crier que l'on veut tout, que plus rien n'est compté, que nos corps animaux demandent leur pitance, ogres gourmands aux plaisirs insondables. Haleter en ne se quittant plus du regard, voir celui de l'autre se troubler, savoir que le sien est le même, qu'il dit la nuit primaire et les rites sauvages, aux odeurs de musc et de feuillus pourris, senteurs d'automne en alcôve, se souvenir de la science pour rendre expert le moindre de nos gestes, étouffer le gémissement sous une morsure, ne plus savoir ce qui est douleur et ce qui est plaisir. Remonter à tes yeux et te laisser le tour, m'abandonner sous tes mains, sous tes lèvres, sous tes dents, sous ton sexe, connaître ton plaisir, savoir le partager et ensuite, bien à plat, dans l'instant de silence, tracer sur ton ventre des sillons de bonheur, mêler en arabesques sperme et poils de poix pour écrire un seul mot que nos corps comprendront: encore. Et bien avant le e final, s'endormir tous les deux, rêver que je rêve à toi, que tu me regardes dormir, que nos mains se croisent après s'être chercher, trembler du besoin fou de l'autre, ne rien dire, ne rien dire..... silence.

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