jeudi 29 janvier 2015

J'en remets une couche

Hier soir, à la télévision, dans le journal de je ne sais plus quelle chaîne, une femme, membre de la Ligue des Droits de l'Homme, se disait profondément choquée du fait qu'un enfant de huit ans ait été convoqué au commissariat avec son père suite à des phrases extrêmement choquantes ("il faut tuer tous les français", etc) que l'enfant avait prononcées dans son école. C'est l'école qui avait informé la police. L'enfant a confirmé une partie de ses dires tout en avouant ignorer ce que voulait dire le mot terroriste.

A mon tour d'être choqué par cette dame qui a renvoyé la responsabilité sur l'école. "L'éducation nationale a démissionné et préfère la répression à l'éducation", a-t-elle dit (je cite de mémoire, mais le sens général était celui-ci). Je voudrais que cette dame, plutôt que de taper sur l'éternel bouc-émissaire, aille faire un tour dans ces écoles à problèmes, qu'elle y reste ne serait-ce qu'une journée et qu'elle applique ses théories en direct !

Sait-elle que depuis bien longtemps la majorité des enseignants se bat contre l'intolérance, le racisme et la violence, et ce sans aucune formation pour cela ? Jusqu'à peu, les centres de formation des enseignants avaient été supprimés par le gouvernement précédent, mais le problème était bien antérieur, comme j'ai pu le constater moi-même. J'avais déjà quelques années de cours derrière moi, en tant que maître-auxiliaire, lorsque j'ai eu mon Capes. Dans la "formation" que j'ai suivie, il n'a absolument jamais été question de la façon de gérer une classe. On ne nous a parlé au mieux que de didactique et certains intervenants étaient d'une nullité crasse au point, un jour, de provoquer une colère ouvertement manifestée par les plus "vieux" d'entre nous.

Outre que je doute qu'un enfant de huit ans, dans le contexte actuel, emploie le mot "terroriste" sans en connaître le sens, je ne vois pas en quoi le convoquer dans un commissariat accompagné de son père est choquant. J'espère que cela lui aura au moins appris quelque chose.

Enfin, comment peut-on reprocher au directeur de cette école d'avoir informé les autorités quand on demande aux enseignants de faire ce que l'on appelle un "signalement" lorsqu'ils estiment un de leurs élèves en danger dans sa famille ? Cet enfant n'était-il donc pas en danger en pouvant dire ses phrases ? A mon  époque, les maîtres faisaient allégrement la chasse à ce qu'ils appelaient les "gros mots". Sans doute, dans l'esprit de cette donneuse de leçons, le mot "terroriste" n'en est-il pas un !

3 commentaires:

Valérie de Haute Savoie a dit…

D'autant plus, si j'ai bien compris, que c'est le père qui était convoqué et l'enfant entendu dans ce cadre là.

Cornus a dit…

Je n'ai pas entendu cette femme s'exprimer directement, mais uniquement ses propos rapportés. Bien sûr que le directeur de l'école a fait son boulot, d'autant que le passif ne devait pas être mince avant d'en arriver là. Cette dame n'a jamais dû mettre les pieds dans une classe depuis sa plus tendre enfance où les gamins étaient proche de l'angélisme et les parents attentionnés ou dans des écoles de quartiers surprotégés et nantis. Pourtant, il suffit de lire, d'entendre, de voir certains reportages réalisés dans les établissements scolaires pour se rendre un peu mieux compte de la réalité.
Quand à l'administration de l'éducation nationale, elle a au moins deux guerres de retard dans la compréhension de ce qui se passe réellement dans les établissements (un grand nombre de responsables n'a jamais enseigné ou seulement au tout début de leur carrière) et n'ont pas conscience des besoins réels des enseignants. Il commence à y avoir des choses dans les formations initiales, mais à mon sens, ce n'est pas général et encore bien trop timide. Et au moins dans le primaire privé, il n'y a rien en termes de formation continue. Et même s'il y avait, la majorité des formateurs ne tiennent pas la route.

Calyste a dit…

Valérie : justement. Rien là que de très normal, à mon avis.

Cornus : et, pendant ce temps, ce sont les enseignants qui trinquent.