mardi 26 octobre 2010

Le dernière cueillette

Ce matin, il faisait beau sur la vallée de l'Azergue, même si la température ne dépassait pas les 5 degrés. Les ors et les rouges étaient enfin là, magnifiés par le soleil. Dernière cueillette au Col des Echarmeaux, même si, au final, cette récolte ne fut pas moindre que les précédentes en violets et en chanterelles grises (plus quelques ceps dont il faudra vérifier s'ils sont comestibles ou pas). Les sous-bois étaient encore gelés par endroit. J'avais mis une de ces grandes chemises de mon père, que l'on enfile par le bas et dont le pan très long sur les fesses rend totalement hermétique au froid.

A midi, l'Auberge des Tilleuls étant fermée, nous nous sommes rabattus sur sa voisine, beaucoup plus ancienne si l'on en croit les reproductions de vieilles cartes postales épinglées sur le mur de la salle à manger: l'Auberge des Echarmeaux. Menu à 10 Euros, tout simple: charcuterie ou salade, couscous, fromage ou dessert. Un euros de plus pour le café et 6 pour le pot de Côtes. Correct, non? Et bon.


Mais l'intéressant, c'est l'auberge elle-même qui, autrefois, a dû posséder des chambres et dont la publicité vantait la salle d'une capacité de 300 couverts. Aujourd'hui, tout cela s'est endormi: on entre par le bar, vieillot, dont la seule originalité est une douzaine de pendules murales, toutes les mêmes, donnant l'heure dans les différents coins du monde; A gauche, une salle avec des tables métalliques, autrefois salle du billard dont il ne reste rien. Au fond, des toilettes à classer, question "esthétique", immédiatement après celle du restaurant de la Chaise-Dieu qui jouxte l'abbatiale.

Pour parvenir à la salle à manger, il faut traverser le bureau du patron où l'on est surpris de voir l'écran d'un ordinateur allumé près d'une "desserte" des années cinquante en faux bois de palissandre et d'un vieil appareil de chauffage des mêmes années dont le tuyau chemine un moment dans la pièce avant de disparaître dans le mur. Comme cela me faisait repenser au Cantal de cet été!

La salle: des nappes vichy sur les tables, un plancher en tommettes rouges dont certaines (emplacement d'un mur autrefois?) ont disparu, un papier peint (chambre rose) que je pensais ne plus jamais revoir et des décorations improbables. Au fond, une fenêtre obturée donnant sans doute dans un hangar. Coup d'œil trop rapide en passant pour pouvoir décrire les cuisines.

L'établissement est à vendre. Le patron semble avoir la soixantaine; la serveuse est attentive et experte. Pourtant on ne sent pas la vie ici: quelque chose au contraire qui s'endort, qui s'éteint, qui meurt. Il y en a combien en France, de ces auberges campagnardes qui connurent leurs heures de gloire et de prospérité à l'époque où les habitants des grands centres urbains, encore nouvellement arrivés en ville, avaient besoin, le dimanche, de retrouver la terre sous leur souliers, l'odeur des bois dans leurs narines et les franches agapes autour d'une grande table rustique? Aujourd'hui, cela n'intéresse plus guère, à part les ramasseurs de champignons, quelques fous du vélo et deux ou trois touristes qui mangent là parce qu'il est midi. Pas de quoi les faire vivre! L'Hôtel des Nations, également sur le Col, est fermé depuis septembre. Si nous repassons par là l'an prochain, l'Auberge des Echarmeaux existera-t-elle encore? J'en doute!

3 commentaires:

christophe a dit…

Oui, c'est triste ces auberges de la campagne qui ferment. Et pourtant, j'ai quelques contre-exemples, dans le Béarn (j'allais préciser "profond" - mais est-ce bien nécessaire...) notamment. Et fameuses !

Calyste a dit…

Si je vais un jour de ce côté, je te demanderai des adresses, Christophe!

Cornus a dit…

Que de nostalgie et de mélancolie campagnarde dans ces propos. Sans connaître précisément, je partage cette vue.