lundi 11 octobre 2010

Comment ?

Valérie parlait l'autre jour de l'impossibilité pour elle de s'imaginer morte. Lancelot a écrit également sur le sujet, Karregwenn aussi. Ça sent la Toussaint, non? Moi, la question que je me pose parfois, ce n'est pas si je vais mourir ou quand, mais plutôt comment. Dans certaines familles, il y a des rites, des habitudes: chez les Trucs, on part du poumon; chez les Bidules, c'est le cœur qui lâche; chez les machins, on surveille le sang.

Qu'en est-il chez les Calystee. Difficile à dire. Jugez-en par vous-mêmes: mon grand-père maternel est mort il y a si longtemps (ma mère avait 7 ans) que j'ai oublié de quoi, si je l'ai jamais su. Mon aïeul du côté paternel est resté coincé, écrasé, entre deux butoirs de wagons, sur son lieu de travail, à la mine, pendant un couvre-feu de la deuxième guerre mondiale; mon père (P1) avait un cœur trop gros, ce qui, à l'époque de sa mort, ne se soignait pas; mon père (P2) a lutté en vain contre un cancer de l'œsophage; un de mes oncles est mort de la silicose après avoir avalé pendant des années de la poussière de charbon; mon autre oncle est mort je ne sais de quoi; mon frère résiste tant bien que mal à un cancer du rectum. Voilà pour les hommes. Côté femmes, ce n'est guère moins éclectique: ma grand-mère maternelle n'a eu qu'une maladie dans toute sa vie: un cancer du colon (avec ensuite métastase au cerveau); ma grand-mère paternelle a fait un AVC; ma mère souffre de la maladie de Parkinson; ma petite sœur est morte hydrocutée. Les autres, pour l'instant, vont bien, je vous remercie.

Alors, qu'en déduire? Une petite faiblesse dans les parties basses, certes, mais rien de bien définitif. Et d'ailleurs, je passe très sagement mes coloscopies quand il le faut. Lorsque, petit garçon, je mimais la mort pour effrayer ma grand-mère paternelle, je ne pensais pas qu'il faudrait y songer plus sérieusement un jour. Il y a quelques années, lorsque j'imaginais l'instant de ma mort, je me voyais au soleil, dans mon jardin, en train de m'occuper des plants de tomates, un tablier bleu noué autour de la taille, la tête protégée de la chaleur par un grand chapeau d'osier. Tout près de moi, bien à l'ombre dans la vasque naturelle de la source, de l'eau fraîche, meilleure que tous les alcools. Je tomberai le nez dans les tomates et je m'en irai définitivement avec cette odeur que j'aime dans les narines. On me retrouverait le soir, à la lumière rasante, un sourire aux lèvres, comme si la terre m'avait déjà raconté sa meilleure histoire.

J'ai le tablier bleu et le chapeau d'osier, sagement rangé depuis que je ne vais plus en Haute-Savoie. L'ennui, c'est que je n'ai pas de jardin et que les tomates restent à planter. Mais! Mais! Peut-être que ce sera ça pour moi, le secret de l'immortalité: ne jamais, au grand jamais, m'approcher des jardins potagers!

6 commentaires:

charlus80 a dit…

eh ben , eh ben Calyste!C'est quoi ça? Un petit coup de blues avec l'automne qui arrive!
Les tomates c'est pas par le nez que ça se prend! Ca se mange avec un filet d'huile d'olive dans laquelle on fait mariner quelques gousses d'ail, du sel, deux tours de moulin à poivre, un peu de basilic finement ciselé, du pain bien frais pour pousser et saucer, un verre de vin (pour moi rouge léger et pas prétentieux). Si on a des amis autour de soi c'est un moment d'exception...j'ai décidé d'être immortel jusqu'à preuve du contraire!!!

Valérie de Haute Savoie a dit…

Charlus80 voilà une excellente idée à laquelle je souscris illico !

Cornus a dit…

Pars en Terre Adélie tous les étés et début d'automne, car même avec le réchauffement climatique, il serait étonnant que tu y trouves un jardin avec tomates. Voilà le secret de ton immortalité.

Sinon, cette description très nostalgique du jardin, de tomates, de chapeau de paille et de tablier bleu, je l'aime bien. Elle m'évoque un peu mon père même si les images ne sont pas les mêmes.

Lancelot a dit…

"De mémoire de rose on n’a jamais vu mourir un jardinier."
Fontenelle

"Déboires de tomates : on vient de voir mourir le nôtre !"
Calyste

piergil a dit…

Oui, oui, y'a de quoi êtr...tomber raide!!....

Calyste a dit…

Je crois que je vais suivre aussi, Charlus.
On va être nombreux, Valérie! Va encore se poser le problème des retraites!
La Terre Adélie, Cornus? Fait pas un peu froid, par là-bas? Je ne serais pas mort, je serais congelé!
Mais tu sais bien que je perds la mémoire, Lancelot...
Raide, oui, Piergil, mais vivant!

Finalement, c'est pas si mal! Merci, les amis!