mercredi 23 juin 2010

Naples, ville ouverte

Arte ce soir a programmé un excellent documentaire britannique de 2009 agrémenté de très nombreuses images d'archives: Naples, ville ouverte 1943-1948.

Au départ des Allemands, en 1943, la ville qui fut autrefois une des capitales intellectuelles d'Europe est totalement exsangue et ce ne sont pas les Quatre Journées ( Quattro Giornate), le célèbre soulèvement du peuple napolitain contre l'occupant, qui y changèrent quelque chose. Les Alliés, fraîchement débarqués de Sicile à Salerne, apportent avec eux denrées et espoir de reconstruction. Mais ce que l'on ne sait pas encore, c'est que, pour préparer ce débarquement, les Américains se sont servis de mafiosi locaux contactés par ceux résidant (et parfois emprisonnés) aux États-Unis.

Ainsi, dès le départ, l'enjeu est faussé et lorsque la république sera proclamée au détriment d'un roi forcé à l'exil et que les partis de gauche remporteront les premières élections, la CIA et l'Église Catholique n'hésiteront-ils pas à s'allier avec les caïds napolitains pour imposer la Démocratie Chrétienne comme force politique dominante. Tout naturellement, en 1952, sera élu maire de Naples le célèbre armateur proche des anciens fascistes de Mussolini: Achille Lauro. Après avoir vu naître au moment de sa libération les trafics les plus insolites sous l'œil bienveillant des états-majors étrangers présents, Naples va alors connaître un programme de construction immobilière insensé et gigantesque, transformant la ville en un monstre tentaculaire, au grand profit bien sûr de certaines familles mafieuses.

Voilà ce que décortiquait ce film intelligent et très astucieusement monté qui, outre le mérite de la documentation, à également celui d'avoir choisi une durée acceptable pour tous (1h10). Je rappelle que, sur l'état de misère et de déréliction de Naples au départ des allemands et à l'arrivée des Alliés, il faut lire le livre de Norman Lewis, Naples 44, publié chez Phébus libretto (n° 147), sorte de journal d'un officier britannique en poste dans cette ville. Je l'ai lu. C'est un grand livre.

2 commentaires:

Lancelot a dit…

J'avais noté cela dans la grille télé, mais on a regardé autre chose ce soir-là. Dommage.

Peut-être y aura-t-il une rediffusion nocturne. Je vais feuilleter le programme en gardant un oeil aigu...

Calyste a dit…

Ça veut la peine, effectivement, Lancelot.