Gérard Donovan , l'auteur vit aux États-Unis mais est né en Irlande et je trouve que l'on sent l'empreinte de la vieille Europe sur lui, son style et sa façon d'analyser les pensées d'un homme que l'on peut croire fou. Tout manichéisme, si fréquemment décelable chez les auteurs américains du nord, est absent de ces pages. Je les ai lues vite, goulûment, renouant ainsi avec mon plaisir de la lecture.
En fait, quoi qu'il m'arrive, plus rien n'avait d'importance pour moi. Je ne ressentais plus qu'une absence, un manque que je n'avais jamais éprouvé auparavant et qui étouffait en moi tout sentiment. Auparavant, une douloureuse sensation d'absence avait parfois troublé l'habituel bonheur de ma solitude. on devient pierre, bois, épine sur le sol, vent chargé d'échardes. Avec, pour remède empoisonné, les fleurs avivant toute cette grisaille, le contact d'une main sur le bras, le mot gentil surgi d'un sourire, baume qui vous apaise, puis vous laisse plus mal en point. D'aucuns affirment que tout est dans la tête. Si c'est vrai alors, que Hobbes ait jamais partagé ma vie ou moi la sienne n'intéressait guère le monde, ni aucun de ses habitants. Cela ne comptait que pour moi.
(Gérard Donovan, Julius Winsome, Ed. du Seuil. Trad. de Georges-Michel Sarotte)
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