mercredi 30 juin 2010

Les Précieuses ridicules

Ça y est: Tout l'monde dehors, c'est bien parti. Depuis plus d'une semaine à vrai dire. Et ce soir, je rentre du théâtre, en fait du théâtre en plein air puisque la pièce était donnée dans un jardin proche de la gare de la Part-Dieu. Étrange idée que de jouer là un classique de Molière, les Précieuses ridicules, mais, comme le dirait Olivier, pourquoi pas.

On se souvient sans doute de l'intrigue de cette courte comédie: deux précieuses, Cathos et Magdelon, refusent les avances de deux jeunes gens, Du Croisy et La Grange, au prétexte qu'ils ne sont pas assez "polissés". Sont annoncés alors deux personnages hauts en couleur et tout enrubannés, le marquis de Mascarille et le vicomte de Jodelet qui ne sont en fait que les valets des deux autres et vont couvrir de ridicule les deux péronnelles qui ont furieusement cru à leur valeur.

Le texte, presque toujours respecté, a été agrémenté de deux ou trois expressions plus modernes bien senties et les deux "marquis" de pacotille, Mascarille surtout, ont tiré leur personnage du côté de l'ego ultra démonstratif de quelques stars de la chanson actuelle. Bien, très bien même. En revanche, la transformation de la servante Marotte en travesti handicapé du bras et celle de Gorgibus en Catherine Lara plus vraie que nature, bien que souvent drôles, ne s'imposaient pas.

Quand ai-je, pour la première fois, eu affaire à cette comédie? Il me semble que c'est en 4°. En tout cas, je me souviens bien du plaisir éprouvé à découvrir ces abus de langage et grotesques fioritures: le miroir est devenu le conseiller des grâces et les sièges des commodités de la conversation que l'on véhicule plutôt qu'on ne les apporte. J'ai retrouvé ce même plaisir ce soir et j'étais heureux de voir que Frédéric et Jean-Claude semblaient le partager.

Un petit moment à évoquer en particulier: celui ou Mascarille, après l'avoir lu, se met à chanter son fameux impromptu à la manière d'abord d'Obispo puis de Raphaël:

Oh, oh ! je n'y prenais pas garde:
Tandis que, sans songer à mal, je vous regarde,
Votre œil en tapinois me dérobe mon cœur,
Au voleur, au voleur, au voleur, au voleur!

(Scène 9)

Voilà donc une bonne soirée passée entre amis et ce grâce à La Compagnie et son personnel de bord. Merci à eux pour leur entrain. Dernière représentation: demain, 1er juillet à 21h, Place Valensio, dans le 5°.

6 commentaires:

Cornus a dit…

Eh bien, moi, j'ai étudié cette pièce en seconde. Je me souviens bien de ce qu'en avait dit notre prof (une femme, haute en couleur, un peu à l'ancienne, que j'appréciais). Je ne me souvenais plus du nom des personnages, sauf Mascarille. Bien sûr, il s'agit d'une pièce qui reste largement d'actualité, même si le vocabulaire et les codes ont changé.
(Je ne supporte Obisse-pot, et pour plein de raisons).

Calyste a dit…

Je trouve assez gratifiant que, finalement, beaucoup d'anciens élèves se souviennent de leurs profs (en particulier de français) avec respect et "tendresse". Merci, Cornus.
Quant à l'actualité de la pièce, bien sûr, le ridicule ne tue toujours pas.

Lancelot a dit…

Les précieuses, pour moi, c'était en 3°, avant les femmes savantes. Et Iphigénie. Et Horace.

"Les écluses du cerveau" pour les narines : ça m'avait frappé !

Calyste a dit…

As-tu remarqué, Lancelot, comme certains sont toujours enrhumés.....

merbel a dit…

Grande réussite avec des élèves de quatrième, plutôt faibles. Nous sommes allés voir la pièce à Paris au théâtre des Variétés. La mise en scène de JP Daguerre était incroyablement drôle: Cathos et Magdelon en dindes. Cette farce-comédie était précédée d'une autre courte pièce de Molière, La Comtesse d'Escarbagnas et c'était judicieux: dans cette pièce, la comtesse, une précieuse, doit assister à une pièce de théâtre. Le théâtre dans le théâtre!Formidable, non? Je ne donnais pas cher de l'étude de cette pièce mais au bout du compte ce fut grand moment de joie et de plaisir avec les élèves! J'espère qu'ils n'oublieront pas le plaisir éprouvé, car pour certains d'entre eux, c'était la première fois qu'ils allaient dans un "vrai" théâtre (comprenez un théâtre où les spectateurs ne sont pas que des scolaires...)

Calyste a dit…

Je comprends fort bien ce que vous dîtes, Merbel, ayant moi même enseigné autrefois dans un lycée professionnel (CAP)et réussi souvent à intéresser les élèves par le biais du théâtre, que ce soit les spectacles ou bien les visites des lieux, cintres compris.
Merci de votre visite ici.