lundi 25 janvier 2021

Il était une fois

Voilà bien un début de phrase tellement connue qu'on ne le lit même plus au début d'un conte. On est même surpris que, parfois, il soit remplacé par : il y avait une fois. Aujourd'hui, en continuant d'essayer (!!!!) de ranger mes livres, j'ai pensé à cette porte des rêves qu'aiment tant les petits enfants (et les autres). Le sens qui en paraît si simple l'est-il vraiment ?

Avec "il était", on part dans un passé que personne n'a connu vraiment, un passé si ancien que même la grand-mère conteuse ne s'en souvient pas, pas plus que la grand-mère de la grand-mère. C'était à une époque si éloignée qu'elle n'a plus rien à voir avec celle que l'on connaît, une époque incroyable (où les animaux parlaient, où les princes épousaient les bergères, par exemple). Pourtant l'emploi du verbe "être" atteste de la réalité de cette époque, on ne sait pas quand mais on sait que c'est vrai !

"Une fois" pose aussi question : à chacun de s'imaginer où et quand se passent les événements puisque jamais on ne le précise. Et puis, attention, "une fois"cela s'est produit, pas deux ni trois ni davantage (le conte n'est pas compte) et, sans doute, cela ne se reproduira plus. 

Pour prolonger mes délires, j'ai eu l'idée d'aller voir comment on présentait la chose chez les enfants d'autres pays ou régions. Tout le monde connaît le "Once upon a time" britannique. Mais en voici quelques autres :

- allemand : Es war einmal

- portugais :  Era uma vez

- italien :  C'era una volta

- catalan :  Hi havia una vegada.

- mongol : Erte togä tomsi ügei nögcigsen galab-un urida anu (il était une fois il y a des âges de cela)

- grec : Μια φορά κι έναν καιρό

- japonais :  むかしむかし

- roumain :  A fost odată ca niciodată (il était une fois comme jamais)

- hongrois : Volt egyszer, hol nem volt (il était une fois où ce n'était pas)

- breton : Un dez a-dreist an dezioù arall (un jour par dessus les autres jours) (Que l'on me corrige si je me trompe !)

10 commentaires:

plumequivole a dit…

Je ne connaissais pas ta formule en breton dis donc ! Plus connue est celle-ci : ur wech e oa, ur wech ne oa ket (il était une fois, une fois il n'était pas) à quoi certains contes rajoutent : hag ur wech e vo ( et une fois il y aura ...). Ce qui élargit bien les possibilités imaginatives...

Cornus a dit…

Eh bien dis donc, tu en poses des questions... bien intéressantes finalement.

cão a dit…

Era uma vez um partido fascista de 12%.
😤

CHROUM-BADABAN a dit…

"Il était une fois" : hier j'ai rêvé de variations autour de cette expression.
Je ne me souviens plus des variations ni de leurs déconstructions.
Déconstruction visant le conteur et l'écoutant.
Je crois que cela avait un rapport avec les enfants qui sont les premiers concernés.
Un rapport avec la lecture et l'écoute.
Entre un adulte et un enfant.
Pour que l'enfant grandisse.
Cela s'opposait à L'intelligence Artificielle, aux robots.
Rien ne remplacera l'imagination humaine.
Un sourire suffit.
Sans doute aussi un rapport avec le nouveau fichage des individus ; leur religion, leur appartenance syndicale, politique, etc.

Calyste a dit…

Plume : génial avec les trois. Rêve illimité !

Cornus : avec un brin de mathématique, en plus !

Câo : j'ai peur de comprendre. Mais à combien en sommes-nous ici ?

Chroum : nous pensions à la même chose au même moment. Intéressant, d'autant que ni l'un ni l'autre ne pouvons expliquer pourquoi. Pour ton gros coup sur la patate, je te souhaite de vite dire : il ETAIT. Et surtout UNE fois !

Jérôme a dit…

Oh que c'est intéressant tout ça ! Notamment ta réflexion sur le "une fois"... une histoire unique (comme c'est dit également en anglais et en allemand).... et qui pourtant souvent utilise des répétitions et des nombres (3 et 7 par exemple).... et en breton, le début de l'histoire devient magique !

karagar a dit…

ne connaissais pas, non plus mais étonné de constater que fois se dit pareil en portugais qu'en breton !

Calyste a dit…

Jérôme : le 3 et le 7, oui, comme dans les récits bibliques !

Karagar : pas tout à fait, tout de même !

karagar a dit…

Calystee> autrefois le mot breton se finissait par un "z" !!

saint-marc a dit…

"
Raconte-moi une histoire

A Vienne, on vient de créer un nouveau service, il suffit de composer un certain numéro et une demoiselle vous raconte une histoire de sa composition.

Le soir, chez Meyer, on appelle la demoiselle
qui raconte une histoire aux enfants de Vienne :
" Il était une fois une rue sans maison détruite.
Il était une fois un homme qui n'était pas armé.

Il était une fois deux amoureux enlacés
qui n'ont pas été fusillés pour ce crime.
Il était une fois deux hommes qui ne se sont pas tués,
un enfant qui n'avait pas ouï de coups de feu."

Le téléphone se tait un bref instant.
L'enfant reste assis, attendant la suite :
"Il était une fois une rue sans maison détruite.
Il était une fois un homme qui n'était pas armé ..."


9 avril 1953
"

Stig Dagerman
in "Poèmes Satiriques"
traduit du suédois par Philippe Bouquet