mardi 1 mai 2012

Ma journée dans les bois

Qu'il est parfois difficile de remettre ses pas dans ceux de son passé! Je l'ai cherché ce chemin, il m'en a fallu du temps pour le retrouver. Déjà, à l'époque, alors que nous y allions chaque année, je me trompais. Fallait-il prendre la route qui monte le long de l'église ou celle qui prend pour cible le château d'eau? Alors, vingt ans après! Le village a grandi, des villas se sont accolées aux fermes, des ronds-points sont nés, et des ralentisseurs qui n'existaient pas autrefois.

Et puis, je l'ai vu, longeant un grand champ labouré tout en longueur, plein de fondrières remplies de la pluie de ces derniers jours, j'ai retrouvé l'embranchement où l'on garait la voiture. J'étais presque sûr de ne pas me tromper cette fois-ci. Les bois, eux, n'ont pas changé, parfois pénétrables, parfois inextricables, avec des étendues sèches et pierreuses côtoyant de brusques taches de verdures humides. Le soleil jouait à cache-cache aujourd'hui mais le ciel ne m'a pas versé une seule goutte d'eau sur la tête pendant tout le temps que je suis resté.

 Au début, rien. J'ai failli rebroussé chemin et puis j'ai vu ma première clochette, pas bien grosse mais prometteuse. D'autres étaient-ils passés avant moi? Plus loin, la récolte se fit plus abondante et plus généreuse en fleurs. Je n'ai vu personne de l'après-midi, seulement une petite grenouille ocre que se confondait avec les feuilles et que mon arrivée a fait bondir en me surprenant. Je ne me suis jamais trop éloigné du chemin: une fois, avec Pierre et Ciccio, notre chien, et malgré mon sens de l'orientation assez affiné, nous nous sommes perdus dans ces bois en cueillant le même muguet. Il nous avait fallu marcher longtemps avant de tomber sur un hameau dont les habitants, mi chrétiens mi sarcastiques, nous avaient remis dans le bon chemin.

 J'ai cueilli plus de cinq cents brins (j'ai compté, ça occupe quand on n'a personne à qui parler). A mon retour, j'en ai fait profiter ma vieille voisine et, demain, Maria aura aussi son bouquet. J'en ai oublié de manger et de boire. Je ne pensais à rien, pas même à autrefois. J'étais bien, seul dans le silence, aux milieu des arbres, des ronces et des fleurs sauvages dont j'aimerais bien connaître le nom. Une cigarette parfois, mais j'ai complètement oublié mon appareil photos dans le fond de ma poche. Maintenant, les bouquets embaument dans l'appartement: un sur le piano du salon, un dans la cuisine et le dernier sur mon bureau, près de moi en ce moment.

Et je ne me suis pas retrouvé le derrière dans une flaque de boue comme je l'avais fait alors que Pierre étrennait sa voiture neuve et qu'il m'avait fallu revenir à Lyon à genoux sur le siège pour ne pas salir. Au fait, vous sentez comme il sent bon, mon muguet?

7 commentaires:

laplumequivole a dit…

Ah comme c'est drôle de t'imaginer les fesses en l'air dans la voiture neuve pour ne pas salir les siège ! Vous aviez dû bien rire !

Et demain alors tu t'installes sur un trottoir avec tes bouquets de muguet et tu les vends aux passants ?

karagar a dit…

ah oui, avec 500 brins, j'ai pensé à la vente aussi.. pas de muguet sauvage par chez nous

Calyste a dit…

La Plume: effectivement, même si la position n'a rien de confortable.

Karagar: non, pas de vente! Rien que pour mon plaisir à moi (et quelques autres).

Cornus a dit…

Bien que me doutant de l'état d'avancement, je suis allé voir MES pieds de muguet 2-3 jours avant. Hélas, contrairement à l'an dernier, aucun espoir, il étaient à peine en boutons. Ceux de la maison, domestiqués ceux là sont à peine mieux aujourd'hui.

Calyste a dit…

Cornus: comme ça, tu en auras quand les autres n'en aurons plus! Piètre consolation sans doute...

Cornus a dit…

J'ai heureusement d'autres fleurs pour me consoler.

Calyste a dit…

Cornus: j'espère bien. d'ailleurs, nous en avons eu quelques spécimens en photos.