mardi 29 mai 2012

Ecoeurement

Passage sans doute éclair ce soir. Pas envie d'écrire. Je suis écœuré par la réunion de tout à l'heure, au collège. Ce que je craignais est bien en train d'arriver, malgré toutes les dénégations entendues en face à face: notre méthode innovante d'enseigner est en train de vivre ses derniers mois.

 Bien sûr, on ne nous l'a pas annoncé comme ça, tout de go. On nous a d'abord demandé de répondre à un questionnaire en forme de bilan de ce projet vieux de presque dix ans. La lecture en a été faite ainsi que le compte rendu, tronqué, détourné, où seuls ont été mis en avant les points négatifs ou à améliorer. Résultat, alors que 66% des réponses demandaient à poursuivre la méthode, réduction de moitié des horaires consacrés à ce projet l'an prochain. Et ensuite ? Faut-il que je joue les Cassandre ?

 Ainsi, des heures de réflexion, de mise en place du dispositif, de travail acharné pour préparer les cours nouvelle façon sont balayées par une décision unilatérale et orientée. Exit ces idées d'intellos, de pédagos, comme nous surnomme notre directeur général. Haro sur tout ce qui dépasse, sur tout ce qui ne rentre pas dans une norme étriquée et qui n'a, en fait, jamais fait ses preuves.

 J'ai pensé à Gilles ce soir, lui qui avait tant donné pour conceptualiser cette démarche pédagogique et que l'on a dernièrement gentiment prié d'aller se faire voir ailleurs. Le cadavre n'est pas encore froid que l'on danse déjà dessus! Mais ce qui me choque le plus, c'est le nombre de mes collègues qui n'ont pas dit un mot de protestation, qui se comportent comme des moutons bêlant prêts à faire tout ce qu'on leur impose. J'ai bien essayé, ainsi que quelques autres, d'argumenter, de défendre ce qui avait été mis en place, mais j'ai vite compris, aux réponses que l'on me faisait, que tout était déjà plié: on décide maintenant à notre place. Est-ce la meilleure façon de motiver le corps enseignant? J'en doute.

 Je le redis encore une fois: je ne serai pas mécontent de quitter bientôt cet univers où je ne reconnais plus rien de ce que j'ai vécu avec bonheur et enthousiasme pendant de nombreuses années, où je ne me sens plus chez moi.

8 commentaires:

laplumequivole a dit…

Je comprends ton écoeurement. J'ai vécu des trucs dans ce genre, il n'y a pas si longtemps. Oui ça donne envie de partir. C'est d'ailleurs ce qu'ils cherchent.

Cornus a dit…

Toutes ces initiatives que je trouvais passionnantes et que tu nous a fait partager, qui permettent de sortir des sentiers battus, mais surtout qui permettent de révéler certains élèves là où on ne les attendait pas forcément. Je comprends ta colère et j'ose dire sue je la partage à plusieurs titres. Entre autres, dans tes récits, je repense toujours au collégien que j'étais qui a parfois été en échec. Et cette méthode dont tu as parlé était une façon parmi d'autres d'élever certains qui ne sont pas forcément les plus doués. Et je pense, peut-être à tort, que j'aurais pu être parmi les élèves que tu as remarqué à cette occasion.
Et pour tout dire je suis déçu et triste pour toi et pour tous ces élèves qui ne bénéficieront pas de la méthode ni de ton enseignement une fois que tu seras parti. Quel gâchis.

Anonyme a dit…

Continue d être le prof unique...
Profite de cette dernière année...fait toi plaise...

Anna a dit…

Je partage ta déception. J'ai souvent envié tes élèves. Pas par rapport à moi puisque j'ai souvent rencontré des professeurs comme toi. Mais le dernier de mes enfants n'a pas eu cette chance et c'est bien dommage. Oui quel gâchis.

Georges a dit…

Tu as tout mon soutien Calyste. Comme je comprends ce que tu ressens.
Je partage ton écœurement. Bientôt, il ne restera que les profs les plus nazes, ceux qui raisonnent et prennent du recul ne peuvent qu'être écœurés de ce cirque.

Calyste a dit…

A tous: merci. En fait, si je devais travailler encore plusieurs années, j'aurais demandé ma mutation. Mais je ne sais pas si, ailleurs, c'est différent.

Cornus a dit…

Les situations entre école maternelle/primaire et collège sont différentes, mais Fromfrom qui a travaillé dans de nombreux établissements, peut témoigner que les situations sont très diverses, à la fois par l'approche pédagogique globale, par la direction et par la qualité des collègues, le tout engendrant des ambiances de travail très différentes.

Calyste a dit…

Cornus: pour moi, de toute façon, le problème est réglé: ce n'est pas aujourd'hui que je vais me lancer dans de nouvelles aventures et m'investir comme je me suis investi jusque là.