dimanche 15 août 2010

Un village au fond d'une vallée

Je crois que l'on ne connaît pas quelqu'un si l'on ne sait rien de son enfance. Ce qu'il peut en dire lui-même, ce qu'on l'on peut en voir soi ou deviner est irremplaçable dans la construction d'une relation profonde avec l'autre. A travers ces ouvertures vers les premières années, on comprend mieux qui est celui ou celle que l'on a en face de soi et l'on est plus à même de l'apprécier correctement.

Nous sommes arrivés en début de soirée dans ce petit village du Cantal à la presque frontière de la Haute-Loire. Nous y attendaient P., l'ami d'enfance de Frédéric qui passait là quelques jours de vacances avec son compagnon, la sœur de celui-ci et un homme plus âgé, connaissance de longue date. J'avais, avant, vu les routes, les chemins, la rivière, l'église et le cimetière et je savais, en pénétrant dans cette vallée, que j'entrais dans quelque chose d'important, que l'on me faisait confiance au point de m'introduire dans ce qui nous est souvent le plus cher: le monde de l'enfance.

J'étais non pas intimidé mais un peu anxieux de voir comment tout allait se passer. Et tout se passa de la meilleure manière, entre un repas copieux et largement arrosé de rires et de vins, de discussions sérieuses aussi et de quelques souvenirs expliqués, avec parfois, par ci par là, un mot de patois qui fusait. Le lendemain, j'étais plus à l'aise avec tout ce que l'on me racontait, les personnages et leur décor étaient mieux en place dans mon esprit et, surtout, la convivialité du repas du soir m'avait complètement détendu. Les souvenirs se complétèrent: visite des hameaux, conversations avec les gens du pays, arrêt au bord de la rivière à truites, photo du vieux poêle qui trône encore au milieu de l'église... le monde de deux garçons qui se connurent à quinze ans.

Nous devions faire quelques courses pour le repas de midi. Nous décidâmes donc de pousser jusqu'à Blesle, village pittoresque où un monastère de femmes s'installa au IX° siècle et où se tenait une brocante ce vendredi 13. Au risque de paraître partial à certains, je dirais que, encore une fois, c'est l'église qui attira le plus mon attention avec, en particulier, un magnifique Christ roman, dans le bras nord du transept, qui m'en rappela un autre, catalan celui-ci, dans une chapelle du Haut-Allier, non loin de là donc.

Le départ fut marqué par un détour chez le garagiste, pour compléter le niveau d'huile insuffisant, et il fallut bien se résoudre à rentrer sur Lyon. Route sans trop de circulation mais rendue plus lourde par la bonne et longue soirée de la veille. Le circuit avait été rapide mais plein de bons moments, d'émotions et de tendresse.

3 commentaires:

Lancelot a dit…

L'enfant fascine toujours. Celui que l'on a été soi-même, bien sûr. mais, encore plus, celui que l'Autre a été.

Quelues jours importants dans le ciment d'une relation. Ce que ça fait du bien à lire, à écouter.

Bise à toi, et à Lui

KarregWenn a dit…

C'est effectivement un grand cadeau que d'ouvrir les portes de son enfance à un ami. Pas facile. Tu as de la chance (ou l'oreille attentive).

Calyste a dit…

Merci des deux côtés, Lancelot. D'ailleurs Frédéric m'avait déjà demandé une fois de te remercier suite à une bise de ta part par mon intermédiaire.

Ah! KarreWenn, l'oreille, je l'ai grande, tu sais. Les deux, même.