mercredi 25 août 2010

Apprendre à nager

En finissant de trier les ultimes documents dans les derniers tiroirs encore vierges de mes intrusions intempestives, je découvre peu à peu un trait de caractère de Pierre que je n'avais jamais soupçonné de son vivant, bien qu'ayant passé de nombreuses années à ses côtés: sa propension à la collection pour dire cela noblement, sinon sa manie d'accumuler!

J'avais déjà été surpris de retrouver dans des enveloppes cachetées les petits talons prouvant le paiement par carte bleue sur une période de plus de trois ans. Pourquoi diantre conservait-il cela alors que l'on peut sans peine les jeter après avoir vérifié son relevé de banque? Mais le moment de surprise était passé et je n'en avais tiré aucune conclusion à ce moment-là.

L'autre jour, je me suis attaqué au tri des guides touristiques, cartes postales achetées en voyage et prospectus divers sur tel ou tel monument. Ce qui tenait le plus de place, c'étaient les cartes routières, dont certaines très anciennes que je n'ai pas jetées, bien que depuis longtemps incomplètes, car certaines ont, à mon avis, un bel intérêt esthétique. Mais pourquoi avoir en triple exemplaire la Michelin 83 (Carcassonne-Nîmes), en triple exemplaire également la 80 (Rodez-Nîmes) et en double un certain nombre d'autres? Passe encore pour deux exemplaires: on peut avoir oublié la carte au moment d'un deuxième voyage et en refaire l'achat, mais trois!?

Aujourd'hui, c'était le tri des fournitures de bureau, dont j'ai bien l'intention de faire profiter quelques enfants de mon entourage en cette période de rentrée des classes. Mais à quoi pouvaient bien servir sept ou huit agrafeuses du même modèle, ou sensiblement, et leurs boîtes d'agrafes en myriades , des gerbes de critérium, des pyramides de petits carnets, des océans de chemises papier ou carton, des surligneurs, des flottilles de gommes aux bouts à peine salis, des stylos encre comme s'il en pleuvait?

Était-ce une façon de calmer l'angoisse latente qui l'accompagnait à chacun de ses actes, surtout les dernières années, la possession de ces petits riens visait-elle à combler un manque affectif jamais assouvi? Pourtant, profondément, Pierre était un homme totalement détaché des biens matériels. j'ai souvent eu l'occasion de le vérifier. Alors quoi? Je ne le saurai sans doute jamais. Et puis, comment pourrais-je le lui reprocher, moi qui commence à peine à envisager de me séparer de meubles ou de souvenirs, comme un enfant apprenant à nager parvient un beau jour à lâcher la barre qui lui permet de tenir le visage hors de l'eau et s'essaie à nager sans appui?

9 commentaires:

KarregWenn a dit…

Moi je crois que toutes ces choses accumulées c'est comme les cailloux du Petit Poucet. Mieux vaut avoir les poches alourdies que de risquer se perdre.
Et c'est très curieux comme nous gardons tant d'objets purement utilitaires, apparemment vide de sens affectif, parfois plus longtemps que des objets à valeur sentimentale évidente.
Soit dit en passant j'ai 3 agrafeuses identiques et je n'agrafe jamais rien !

Cornus a dit…

Je ne saurais qu'en dire. Sauf qu'il m'est arrivé d'acheter plus de 2 cartes identiques (oubli de la prendre + oubli qu'on l'avait). Bon, je reconnais que c'est rarissime. Et pour les agrapheuses ou les stylos, ce genre de chose, ça peut se perdre surtout si on fréquent pluieurs maisons...

Olivier Autissier a dit…

Pour les cartes, j'opterai pour ta supposition. L'oubli de celles qu'on a déjà, ou dont on ne pensait pas avoir besoin. Et on rachète, on ne jette pas ensuite. Ainsi, chaque année, nous oublions nos couverts à pique-nique et chaque année, ou presque, nous en rachetons :)
J'ai une valisette, ici dans un placard, ou les blocs de post-it se compte par dizaines, idem pour les feutres ou les stylos. Il y a plusieurs gommes, des crayons, ... qui ne serviront peut-être jamais. Mais j'aime les fournitures scolaires ou du bureau. Dans les supermarchés, au moment de la rentrée des classes, des jours sans sagesse, je pourrais acheter plusieurs exemplaires de chaque objet. Et hop, dans la boîte...
Tiens, ton filtre anti-spam me demande taper "gated", tu crois qu'il m'a reconnu ? ;)

Calyste a dit…

Alors, finalement, cette manie, même si on lui trouve des explications rationnelles, est partagée par pas mal de gens! je ne m'en doutais pas, vraiment.

piergil a dit…

Quoi de plus enervant que de manquer d'une gomme ou d'un taille-crayon au moment crucial! pis y'a le plaisir de savoir sa trousse bien remplie sans parler de celui de manipuler tous ces petits objets.

Gouli a dit…

Moi aussi j'accumule. J'adore les fournitures de bureau et les cartes postales. Je me suis dit qu'un jour je tapisserais un mur avec toutes les cartes postales achetées.

Calyste a dit…

Et aussi de les sniffer, Piergil?

J'ai eu la même idée pour le mur, Gouli. Bienvenue ici.

Lancelot a dit…

En lisant ta note, j'ai ouvert mon 'tiroir à fournitures' pour faire mon prpopre examen de conscience, pardon, de tiroir.

Qu'est-ce que j'accumule ? Bah, rien. Je n'ai rien en douze exemplaires.

Simplement, j'ai une phobie, ou une manie, comme on veut : lorsque j'ai besoin de stylo/crayon/post-it/ciseau, il faut IMMEDIATEMENT qu'il m'en saute un dans la main. Je ne veux pas chercher, farfouiller, ça m'horripile abominablement. Surtout qu'en général c'est dans l'urgence d'un truc à noter ou à couper. Alors, il y a ciseau/post-it/crayon/stylo dans pratiquement toutes les pièces où nous vivons. Ca fait tordre de rire TiNours. et moi, je trouve ça d'un confort incroyable... ça m'apaiiiiise.... Allo allo, Docteur Freud ?

Calyste a dit…

Étendez-vous, jeune homme, je vais m'occuper de votre .... cas!