lundi 8 juin 2009

Début des révélations

Le temps est venu de faire les révélations annoncées précédemment. Nous tenons d'abord à insister sur le fait que, cette histoire étant parfois violente,elle comporte des éléments qui risquent de choquer un lectorat trop jeune ou insuffisamment informé des tristes réalités de la vie. Nous ne saurions trop conseiller aux parents de tenir leurs enfants éloignés de ces pages et aux âmes sensibles de s'abstenir de les lire.

L'histoire que vous allez découvrir est pourtant le compte rendu objectif du voyage de Calyste en terre occitane, en cette triste fin de semaine de juin. Donnons-lui sans tarder la parole et réservons-nous le droit, lorsque les mots lui feront défaut ou lorsque l'émotion ne pourra être contenue, de le relayer pour apporter quelques lumières dans ces ténèbres trop épaisses. A vous donc, Calyste.

A peine sorti de la gare, je me retrouvai cerné par deux individus à la mine patibulaire qui disaient être Lancelot et Tinours. Comment croire que ce que je voyais pouvait être l'image véritable de ce fier chevalier auquel j'avais rêvé et de son fidèle compagnon? Sans me laisser le temps de réfléchir davantage, ils prirent la peine, en faisant claquer sur mes joues trois bises sonores chacun, de donner le change aux autres voyageurs quittant la gare et tout surpris de me voir ainsi apeuré par l'accueil. Puis ils m'entraînèrent malgré moi dans le sombre sous-sol d'un parking glauque dans la noirceur duquel était garé leur véhicule. Je crus alors que ma dernière heure était arrivée et que j'allais rendre ici mon dernier soupir au milieu des bouteilles vides de bière-téquila et des relents d'ammoniaque urinaire.

Mais nos deux lascars avaient échafaudé d'autres plans plus pervers: pourquoi en finir aussi vite? Pourquoi ne pas faire durer ce petit jeu des chats et de la souris? (Note de l'éditeur: vous aurez sans doute compris, sans qu'il soit besoin de le préciser, que la pauvre souris prisonnière des griffes des deux vauriens n'est autre que notre Calyste bien aimé). On me fit donc monter devant, à côté du conducteur, à la place du mort que je serais sans doute bientôt et l'on se mit à quitter la ville par des routes détournées. Quand l'engin freina devant un portail métallique, celui-ci s'ouvrit de lui-même, probablement actionné par des complices déjà dans la place.

Je vous passerai quelques détails (sinon, on y est encore demain, et je ne suis pas sûr de tenir question imagination jusque là). Le repas du soir se profila bientôt. Moi qui avais cru finir dans le ventre de Montpellier, dans ce sous-sol sordide, voilà que je découvrais le supplice qui m'achèverait: le ventre justement, mais le mien. On me força à manger plus que de raison, moi qui suis connu pour mon appétit d'oiseau. On avait même poussé le vice jusqu'à mitonner des plats excellents, dont un gratin de pâtes au saumon que j'aurais sans doute davantage apprécié si je n'avais eu la gorge à ce point nouée et si l'on ne m'avait forcé (ça, c'est celui qui disait être Lancelot) à en prendre deux énormes rations.

Pourtant ce premier repas pantagruélique ne suffit pas à me mener au trépas. On avait pris soin de me faire manger à l'intérieur, de peur que mes cris éventuels ne finissent par alerter quelque voisin. Mais cela non plus ne put être mené à bien, car l'orage qui s'abattit ce premier soir sur la région aurait eu tôt fait de couvrir même mes cris les plus virils. Et puis, dehors, il y avait cette piscine, si profonde, aux eaux si troubles que l'on n'en apercevait qu'à peine le fond, et ils auraient bien été capables de m'y noyer après m'y avoir maintenu fermement la tête sous l'eau jusqu'à épuisement de ma réserve d'oxygène (J'ai beau pratiqué le sport de haut niveau, faut ce qui faut, question oxygène!).

Le vin qu'ils me firent ingurgiter de force m'aida à trouver le sommeil et c'est le cœur un peu plus léger que je me réveillai le lendemain matin: j'avais survécu. Le soleil était là et rendait mes deux geôliers plus souriants. Ils ne pouvaient échapper à une obligation dans les environs ce matin-là: leur absence à l'inauguration de la médiathèque n'aurait pas été comprise (Note de l'éditeur: bien qu'étant de dangereux énergumènes, tous deux passent dans leur entourage pour de charmants garçons pleins de prévenance et de gentillesse!). Me voilà une nouvelle fois emmené manu militari jusqu'à la construction flambant neuf où je ne pus non plus alerter quiconque, ayant sans cesse une arme camouflée dans un parapluie pliant braqué sur mon flanc droit (Note de l'éditeur: Lancelot semble ne pas connaître sa droite de sa gauche, car, comme chacun sait, le cœur, organe vital s'il en est, se trouve à gauche.)

Il me sembla alors que je pourrais fléchir plus facilement le deuxième malandrin: Tinours semblait plus accessible à la pitié. Mais ce n'était qu'une impression. Son cœur était comme l'autre: du marbre froid comme la glace. Comment me sortir de leurs griffes?....


C'est sur cette question insoutenable que nous allons quitter Calyste un instant, histoire de lui laisser le temps de soulager sa vessie (à son âge, c'est plus fréquent) et de se remettre de toutes ces émotions dont l'évocation le secoue encore beaucoup.

2 commentaires:

Lancelot a dit…

J'aime bien la photo qui illustre ta note : on pourrait croire que nous avions convoqué l'arrière-ban des enfers, pas moins, pour torturer ce pauvre Calyste, l'Agneau du Sacrifice....

(Je tiens à préciser aux autres lecteurs que dans le fameux parking sombre, Notre otage était tout émoustillé et rêvait visiblement d'une tournante dont il eût été la victime (consentante, ça va sans dire...) Hélas lorsque nous lui confirmâmes que la demi-douzaine de loubards post-pubères portant cuir, chaînes et tatouages, que lui semblait espérer, n'était en fait pas prévue au rendez-vous, il se renfrogna et monta dans la voiture d'un air désappointé...)

Quant au supplice de la piscine, je crois que t'as trop regardé de reportages sur Guantanamo !!!

La prochaine fois, tu la BOIRAS, l'eau de la piscine !! Et toute entière ! On verra bien après ça si tu as envie de soulager ta vessie !!

Calyste a dit…

L'Agneau: c'est le mot juste. Comme je m'y retrouve! En revanche, pour le post-pubère, tu repasseras!