mardi 28 avril 2009

Un heure et demie de plaisir

J'ai fait aujourd'hui un de mes cours préférés de l'année en 6°: les rites de fondation d'une ville romaine. En collaboration avec mon collègue et ami Stéphane, nous leur avons présenté tout le rituel précédant la construction, du choix du site au tracé du sillon sacré, puis la réalisation en elle-même, à partir des deux axes principaux que sont le cardo et le decumanus.

Comme chaque année, ils s'intéressent beaucoup à l'archéologie et particulièrement à l'époque romaine et gallo-romaine. En parallèle, je commence, cette fois-ci seul, à les initier au latin, et les entendre s'exclamer "chic!" en chœur lorsque je leur annonce un de ces séances me fait toujours grandement plaisir.

Je crois que ce matin, je me suis surpassé. Je n'ai que bien peu laissé la parole à Stéphane et, comme je sais qu'il me lit, j'en profite pour m'excuser maintenant de cette prise de parole bien égoïste. Mais il me semblait que j'étais assez clair, que tout coulait de source, que les nouveaux éléments émanaient de ceux que je venais d'expliquer. J'ai même dû, à un moment, faire un peu machine arrière dans le raisonnement que je développais, en pensant que les élèves en face de moi n'avaient guère que onze ans et que mes paroles devaient sans doute leur passer largement au-dessus de la tête.

Mais comme il est plaisant, à partir d'un noyau dur qui constitue la charpente du cours de s'éloigner un peu dans des chemins de traverse, d'aborder des connaissances parallèles ou proches, de les voir s'accrocher à tel ou tel détail, à telle ou telle information parce qu'elle leur évoque quelque chose de vécu, de vu ou de lu déjà. Lorsque nous abordons ces parties du programme, nous sommes en terre quasi vierge, ce qui n'est pas souvent le cas en cours traditionnel de français où d'année en année on reprend certains apprentissages identiques qu'ils auront oubliés l'année suivante.

Ces leçons-là, en général, ils les retiennent parce qu'elles leur parlent d'autre chose. Je suis bien sûr qu'ils ne sont, pour la plupart, pas prêts d'oublier l'étymologie du mot "robinet" que je leur ai proposée ce matin. Vous voulez la connaître? Je parlais alors des aqueducs, dont Lyon possède quatre exemplaires qui en font la deuxième ville après Rome en kilomètres de ce conduit. Je leur expliquais que l'on pouvait, comme aujourd'hui, couper l'eau et ce au moyen d'un cercle de métal qui, placé sur la tranche dans le tuyau, permettait le passage du liquide et tourné de face en barrait l'écoulement. Ce cercle était relié à une tige que l'on tournait grâce à une ailette et, à chaque extrémité de cette ailette, se trouvait, pour la décorer, une reproduction d'une petite tête de mouton. Pour un mouton, on parlait, au Moyen-Age, d'un robin. Un petit mouton, c'est donc un "robinet". En tapant cela, je me demande si je n'en ai pas déjà, parlé dans un billet précédent. Dans ce cas, il va falloir m'en excuser.

Bref: une heure et demie de vrai bonheur, en tout cas pour moi. Mais je suis presque sûr qu'eux aussi aiment ces moments-là puisque, lorsqu'il m'arrive d'en recroiser un par hasard des années plus tard, les premiers souvenirs qu'il évoque sont ceux des voyages à Rome ou en Grèce et les instants passés au collège à m'écouter raconter les mythes et les légendes. Et n'est-ce pas cela, l'essentiel: la part de rêve, imaginée ou vécue?

3 commentaires:

JaHoVil a dit…

Si tu veux trouver tous les robinets de ton blog, ouverts ou fermés, c'est par là (à copier dans l'adresse de ton navigateur) : http://www.google.fr/search?hl=fr&q=robinet+site%3Ahttp%3A%2F%2Fcalystee.blogspot.com%2F&btnG=Recherche+Google&meta=&aq=f&oq=

Bises, J.

piergil a dit…

Les histoires de robinet m'auraient plutôt fait penser à un ...petit cochon! ....

Lancelot a dit…

OUAAAAAFFF qu'il est con ce Piergil mais qu'il est con ce mec...

'Scusez-moi, Msieur Calyste, mais c'est lui, quoi, l'arrête pas de me faire rire avec ses bêtises... yk yuk yuk... oui oui ne me regardez pas avec cet air sévère, je me calme, je me calme... Prêt à écouter la suite du cours...
(Arrête, Piergil, je te dis ! On va se faire sortir...!)