dimanche 26 octobre 2008

Quitter Annecy.

(Hier, samedi) Après mon au revoir à Giovanni, je remonte rapidement au parking du château. Dans cette Côte Perrière, Stéphane m'avait frictionné le dos, au sortir d'un restaurant, alors que j'y grelottais, transpercé comme souvent par le froid. Stéphane, le neveu de Pierre, notre "fils", dont j'ai bien peu de nouvelles maintenant. Je passe devant son immeuble. J'avais décidé de ne pas l'appeler. Je le fais tout de même. Il n'y a personne. J'en suis presque heureux. Cette journée restera à moi, à moi tout seul.

Tous seul? Non. Je n'ai pas cessé de pense à J., à notre sortie de samedi dernier à Trévoux, Villefranche et Ars, à notre passion commune pour ces visites et les photos que nous en ramenons. Dans les rues, dans les églises, j'ai des yeux pour deux. Je me dis: je prends ce détail en photo, lui avec son appareil aurait pu prendre ça. Voilà ce que nous aurions dit, ce que nous aurions fait. Peut-être dans ce passage un peu plus sombre aurions-nous échangé un petit bisou, peut-être lui aurais-je massé la nuque ici, peut-être m'aurait-il averti d'une marche ou d'un tottoir là. J'aurais aimé qu'il soit avec moi, tant la ville était belle aujourd'hui.

Dernier arrêt dans ma visite: l'église de la Visitation, plus haut sur la colline, déjà en dehors de la cité. Pas très belle, elle domine le paysage, face aux montagnes, comme Fourvière à Lyon, et en est un des symboles les plus connus. Consacrée à St François de Sales, elle est pour beaucoup, largement plus célèbre pour son parking et ses environs où, de jour comme de nuit, se croisent et se recroisent, se rencontrent et se séparent des hommes en quête de sensations et de plaisirs érotiques.

C'est le cas cet après-midi. Au milieu de quelques pèlerins, je repère vite les silhouettes des errants. J'en suis même un jusqu'à un bosquet dominant des jardins potagers au dessus de la vieille ville. Mais ses nombreux piercings me refroidissent vite, et la fatigue aussi (une heure de course à pied et deux heures de balade).

En rentrant, je passe tout près de la ferme de Georges, de la maison de Josiane. Cette route, cette région sont piégées pour moi. Elles me tirent en arrière. Je leur tourne le dos ce soir, heureux de mon errance, heureux de mes photos, heureux de ma rencontre avec Giovanni, heureux d'avoir fait un pied de nez au passé. Peut-être sais-je maintenant mieux me battre contre la nostalgie.

Le soir, j'en veux encore. La journée a été trop bonne pour ne pas la prolonger. La nuit sera plus longue d'une heure, profitons-en. Je propose à Émile de l'inviter au restaurant. Proposition acceptée tout de suite. Nous irons à St Félix, sur la route d'Annecy. Un restaurant, Le Pot au feu, tenu par un couple qu'Émile connait.

Il y a du monde dans cette salle spacieuse mais sans prétention. Et le repas est excellent: salade landaise avec gésiers, tête de veau sauce gribiche, fromage sec (reblochon, tome et Beaufort, je goûte à tout) et délicieuse tarte aux poires et chocolat. Tout près de là, dans un autre restaurant de l'autre côté de la route, il y a environ trente ans, la patronne avait renversé une tasse de café sur mon pantalon blanc serré, alors que nous y déjeunions avec Pierre, et m'avait vertement tancé comme si j'étais responsable de l'incident. A l'époque, je portais des pantalons blancs serrés!

Voilà de quoi a été remplie cette journée: de souvenirs, de joies, de retrouvailles, de tendresse, de découvertes, entrelacs compliqué, tissage serré de sensations et de pensées, de désirs et de refoulements, de passé et de présent. Journée pleine, et heureuse, surtout, heureuse, parce que tout est en ordre

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah oui elle est moche la Visitation !
Mais quels doux souvenirs j'ai de ses alentours évoqués :)

Anonyme a dit…

Des pantalons serrés, salope !

Calyste a dit…

Je n'ai malheureusement pas eu le temps d'approfondir, Olivier!

Ben qu'est-ce qui t'arrive, Petrus? Tu n'étais pas né, mais c'était la mode, mon chéri, et quand je dis serrés, c'était plus que moulants qu'il fallait lire, à se coucher à plat sur un lit pour les enfiler! Je suis sûr que tu aurais aimé. Pour "salope", j'aimerais autant que tu évites! :-)

Anonyme a dit…

C'est bien ce que je disais !
Quant au qualificatif, ce n'était pas une insulte , mais un cri d'admiration !

Anonyme a dit…

on visite, ce qu'on peut église ou bosquets les deux à la fois peut-être ?

Anonyme a dit…

"Mais ses nombreux piercings me refoidissent"... Tu t'en es aperçu bien tard... Etaient-ils dissimulés dans des endroits bien à l'abri du soleil, ce qui, j'en conviens, devait être bien peu "énamourant"....? (ah, qu'en termes galants... etc etc)

Calyste a dit…

Ce que vous pouvez être indiscrets, parfois! ;-)