dimanche 28 septembre 2008

Les mains des femmes

Pendant toute mon enfance, j'ai été fasciné par les mains de ma mère.

Des mains fines, fragiles et fortes à la fois, des mains douces, des mains gracieuses, particulièrement l'annulaire, je ne sais pourquoi. Je me souviens d'elle, brodant avec un dé ou cueillant au jardin des fleurs qu'elle arrangeait en bouquet. Je me souviens d'elle triant la salade sous le jet d'eau du robinet ou bien préparant, pour le dimanche après-midi, une mousse au chocolat.

Et plus que son visage, ce sont ses mains qui me reviennent en mémoire. Je les vois devant moi telles qu'elles étaient à l'époque et telles qu'aujourd'hui, malgré l'amaigrissement, les taches de vieillesse et les entrelacs des grosses veines , elles m'apparaissent encore. Ma mère a gardé ses mains, ou leur pouvoir de fascination. Simplement, ces oiseaux tranquilles de mes jeunes années se sont faits, avec les ans et la maladie, plus tremblants, plus incertains, moins placides. Mais ce sont toujours les mêmes et elles sont belles, encore.

J'ai toujours été surpris que personne ne s'intéresse à ce sujet, en particulier dans la chanson. En effet, à part Nougaro et Les Mains d'une femme dans la farine, et Les Mains des femmes de Herbel et Bernious (1906), je n'en connais pas d'autres. Et voilà qu'hier, à la radio, j'entends une chanson de Yves Jamait, Des Mains de femme, tirée de son nouvel album Je passais par hasard. Emballé. Je ne connais pas ce monsieur, mais je vais approfondir sans tarder, dès que j'en aurai le temps, car je lui trouve beaucoup de talent.
Un petit aperçu de son style d'écriture:

(...)Des mains qui travaillent le jour
Des mains qui caressent la nuit
Des mains usées dont les doigts gourds
N'auront jamais été vernis
Des mains qui s'insinuent galantes
Et déboutonnent l'impudeur
Et d'autres qui chastes se gantent
De la plus douce des candeurs
Comme des ceps des mains noueuses
Par trop d'automnes fatiguées
Des mains tremblantes et veineuses
Que les saisons ont inspirées
Des mains de femme(...).


Vous n'aimez pas? Moi si, beaucoup. Vous pouvez en entendre un extrait sur profile.myspace.com

7 commentaires:

Anonyme a dit…

"Jeune est la main sur le papier
ou sur la terre !
Jeune et patiente : quand elle écrit et quand au soleil
elle se transforme en caresse".
[DE ANDRADE - MATIERE SOLAIRE]

Anonyme a dit…

Voilà un bel hommage.
Sais-tu que seules les mains ne peuvent pas être retouchées par la chirurgie esthétique ?

Calyste a dit…

Belle évocation, Anna, qui vous ressemble.
Non, Nicolas, je ne savais pas. Peut-être parce que c'est la seule partie du corps à ne pas savoir mentir?

Anonyme a dit…

C'est la première chose que je regarde chez les gens ou les rencontres, les mains !

Anonyme a dit…

C'est étrange ce pouvoir qu'ont les mains des mères. Je trouve celles de ma mère très belles aussi. Tu soulignes le désintérêt supposé pour les mains de femmes ... et les mains d'hommes alors ? Elles sont bouleversantes !
Comme ils n'en prennent pas beaucoup soin, j'aime faire des manucures aux hommes que j'aime.
Ceci dit, je me suis découvert il y a quelques années un intérêt pour les pieds ... on n'en parle pas non plus dans les chansons ;)

Anonyme a dit…

Possible, et la gauche, la main du coeur, qui raconterait bien des histoires... un miroir de destin, ça ne saurait être trahi :)

J'avoue ne pas me souvenir de la morphologie des mains de ma mère ; en revanche, je regarde très vite les mains, chez les hommes, mes yeux obliquent ; elles me racontent des histoires.

Calyste a dit…

Je n'ai pas parlé des mains des hommes, mais c'est, moi aussi, une des premières choses que je regarde chez eux. Tout y est, et, encore une fois, elle ne mentent pas. Et j'aime les voir s'approcher pour dispenser la tendresse ou la ferme chaleur d'une poigne râpeuse.