mardi 16 septembre 2008

Villa Amalia.

Cela ressemble bien à la troisième déception du jour!

Peut-être avais-je trop espéré de ce roman de Pascal Quignard, peut-être ne l'ai-je pas lu au bon moment, en ce début septembre, tellement occupé par la rentrée des classes que la lecture se fait plus courte en temps et moins attentive.

Je ne sais pas, mais je quitte le livre sans regret. En effet, Villa Amalia me paraît avoir beaucoup d'ambition sans s'en donner les moyens. L'histoire, le long fragment de vie de cette musicienne, Ann Hidden, aurait mérité un développement plus considérable, tant il est riche de personnages, de situations, de décors, de poésie. Je vois un gros roman, stucturé, cadré, un peu à la manière de Stegner avec La Bonne grosse Montagne en sucre.

Au lieu de cela, un style souvent minimaliste, qui luit parfois tendrement mais n'émeut pas, des changements de narrateurs qui ne s'imposaient pas, des notations sur la musique qu'on aurait aimées moins succinctes, quelque chose d'un peu sec sur du doux, de la peau morte sur le pli tendre de l'aine. A moins que, par là, Quignard ne veuille faire sentir la sécheresse des compositions musicales d'Ann.

Ce personnage ne m'a pas convaincu, je ne l'aime pas. Trop dure, trop renfermée sur ses douleurs, jusqu'à en être égoïste, à ne jamais vouloir les partager avec ceux qui souffrent des mêmes maux. Toujours en fuite, inhumaine et sèche comme sa musique. Physiquement, elle suit cette évolution aussi, jusqu'à n'être plus qu'os à la fin du roman.

J'aurais aimé que Quignard se contente de nous raconter l'épisode de la Villa sur l'île d'Ischia, au large de Naples, de loin le plus beau, avec des personnages magnifiques, telle la petite fille amoureuse d'Ann comme son médecin de père, ou la vieille paysanne campanienne qu'elle parvient à convaincre de lui louer cet hermitage et avec qui elle nouera des liens étroits jusqu'à la disparition brutale de ce paradis. Là, je me serais senti chez moi.

Elle aimait de façon passionnée, obsédée, la maison de Zia Amalia, la terrasse, la baie, la mer. Elle avait envie de disparaître dans ce qu'elle aimait. Il y a dans tout amour quelque chose qui fascine. Quelque chose de beaucoup plus ancien que ce qui peut être désigné par les mots que nous avons appris longtemps après que nous sommes nés. Mais ce n'était plus un homme qu'elle aimait ainsi. C'était une maison qui l'appelait à la rejoindre. (...) C'était comme un être indéfinissable, euphorisant, dont on ne sait par quel biais on se voit reconnue par lui, rassurée, comprise, entendue, appréciée, soutenue, aimée.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'espère que le film, tiré du livre, et en fin de tournage, vous plaira un peu mieux !

J'avais beaucoup aimé ce roman. Peut-être devriez-vous lire son dernier qui vient de paraître ?

Calyste a dit…

Je l'ai dit, je suis peut-être injuste avec ce roman.