jeudi 25 octobre 2007

Riens (18)

Ce soir, "sablier" des parents 6°.
Autrefois, on appelait ça "confessionnal". Les deux termes sont inappropriés, l'un trop marqué église, l'autre horloge. Cela consiste à recevoir un par un tous les parents qui en ont fait la demande. Durée de l'entretien: environ 6 minutes. Pour aborder des questions plus importantes, il y a les rendez-vous traditionnels.
En 6°, presque tous les parents se déplacent, toujours un peu angoissés (c'est si impressionnant que ça, un prof?) pour entendre si possible dire du bien de leur progéniture et nous confier des informations capitales pour les études ("Il a fait sa première dent à.... mois", "c'est un enfant extrêmement intelligent", "vous verrez, il est attachant"...).
Bon, je plaisante: ce genre de parents a plutôt tendance à disparaître. Angoissés, en revanche, ils le sont, et souvent pleins de bonne volonté pour nous aider dans notre tâche d'enseignants. Eux-mêmes sont d'ailleurs censés être les premiers éducateurs de leurs enfants. Et quand on a, comme moi, une solide réputation qui vous précède ( toute fausse modestie mise à part), c'est presque dans la main qu'ils viendraient vous manger si l'on y mettait bon ordre.
En fait, j'aime ces soirées (même si voir défiler 20 familles comme ce soir n'est pas de tout repos). Je maîtrise suffisamment ce que j'ai à dire pour pouvoir prendre un peu de recul et observer les parents: on apprend ainsi toujours beaucoup sur leurs enfants.
Ils sont attendrissants, d'autant que, maintenant, certains (la majorité) sont nettement plus jeunes que moi. Au-delà de l'éventuelle ressemblance physique, on perçoit les mêmes intonations de voix, les mêmes regards, la même façon de se passer la main sur le front ou de croiser les bras. Ils aiment leurs enfants, c'en est émouvant.
Et puis il y a ceux qui, au fil des années (j'enseigne sur les quatre niveaux du collège), de rendez-vous pour le grand frère en entretien pour la petite soeur, deviennent presque des amis, se confient (sans que cela m'ennuie ou me gêne alors), partagent des goûts littéraires ou cinématographiques et finissent par vous inviter à l'apéritif du mariage de leur petit dernier.
Ce soir, un gentil papa, mignon à croquer, m'a donné l'envie de faire davantage sa connaissance: des yeux pétillants de malice, un large sourire qui n'avait rien de commandé. Quelque part, le courant passait bien.
Il va bientôt falloir que je pense à m'organiser pour que, le moment de la retraite venu, les parents ne me manquent pas autant que leurs enfants.

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