mercredi 31 octobre 2007

Abécédaire (T)

Tacon: je savais ce que voulait dire ce nom, j'ignorais jusqu'à aujourd'hui qu'il venait du gaulois.
Ils sont bien peu nombreux, ces mots de notre langue primitive à avoir survécu peu ou prou dans notre langage moderne. Tous ou presque ont rapport à la nature. Ça me plaît assez qu'il en soit ainsi.
Targette: son mécanisme a longtemps représenté dans mes discours le symbole de l'ingéniosité humaine. Je dois être très naïf, voire un peu simplet, mais transformer un mouvement rotatif en mouvement rectiligne, moi ça m'épate et je dis bravo à celui qui a trouvé le système. On devrait ériger une stèle à l'inventeur (anonyme?) de la targette.
Téléphone: il n'y a rien de plus mal élevé. Vous êtes en train d'exposer votre problème à un employé lambda, son téléphone sonne, et vous devez attendre que l'appelant obtienne son renseignement pour espérer avoir le vôtre.
De même cette nécessité moderne de pouvoir être joint n'importe où, à n'importe quel moment! Quelle angoisse, si je ratais un coup de fil! Eh bien, tu rappelles, coco. Il y a parfois mieux à faire que de décrocher son téléphone. Moi, j'adore parfois passer inaperçu.
Tendresse: jamais assez.
Terrier: cela me fait penser à un très beau roman pour la jeunesse qu'il faut lire même adulte: La Rencontre, de Allan W. Eckert (Le livre de Poche Jeunesse n°810), rencontre de deux solitudes: celle d'un jeune garçon et d'une mère blaireau.
Théodolite: juste pour la belle sonorité du mot.
Toucan: une petite statuette de cet oiseau d'Amérique est toujours sur mon bureau depuis des années, depuis qu'une élève, de retour d'un voyage au Brésil, me l'a offerte comme porte-bonheur.
La Tempête(de Giogione): quel étrange petit tableau (Academia, Venise): en arrière plan, une ville italienne avec un pont; plus près, un pan de remparts et de grand arbres; au premier plan, de chaque côté d'un ruisseau deux (ou plutôt trois) personnages: à gauche, sur le chemin, un promeneur (pèlerin?), tenant à la main un grand bâton de marche sur lequel il s'appuie, le visage tourné vers l'autre rive; à droite, un peu plus haut, une femme à moitié nue allaitant un enfant qu'elle tient à côté d'elle et non dans son giron, laissant ainsi exposée ta toison pubienne. Que regarde le marcheur? Qui sont ces gens? Pourquoi cette femme est-elle autant dévêtue? Que signifie cette scène? Un très mauvais roman (espagnol, si je me souviens bien) voudrait l'expliquer par une représentation de la sainte famille: Marie allaitant Jésus et Joseph veillant à l'intimité du moment. Cette explication me semble totalement absurde.
De fait, je n'ai jamais oublié ce tableau depuis la première fois où je l'ai vu et où il m'a durablement impressionné (comme est impressionnée une rétine).
Théramène: c'est son monologue que j'ai présenté oralement au bac, longue tirade où il explique comment a succombé Hippolyte, sur la grève, assailli par un monstre marin convoqué par son père trompé par les paroles de Phèdre . Si j'avais été à la place de ce jeune homme, combien, au lieu de me glacer à l'amour platonique d'une Aricie, me serais-je volontiers brûlé à la braise de la passion de Phèdre! Et tant pis pour Thésée: il n'est pas lui-même exempt de tous reproches!

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